Premier déplacement de l'entre-deux-tours dès ce lundi pour Emmanuel Macron, qui se rend dans le Nord et dans le Pas-de-Calais, plus précisément à Denain, à Carvin et à Lens. Le président-candidat a donc décidé de se rendre sur des terres dont l'électorat est traditionnellement acquis à Marine Le Pen.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont désormais moins de deux semaines pour convaincre les Français. Les deux finalistes de la présidentielle vont occuper le terrain ces prochains jours. Premier déplacement de l'entre-deux-tours dès ce lundi pour le président-candidat Macron, qui se rend dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Il se rend plus précisément à Denain, à Carvin et à Lens, des terres dont l'électorat est traditionnellement acquis à Marine Le Pen.
"Je ne veux pas faire comme si de rien n'était, j'ai entendu le message de ceux qui ont exprimé des voix extrêmes, y compris ceux qui ont voté pour Mme Le Pen. Je sais que des gens voteront pour moi pour faire barrage. Je veux convaincre donc peut-être compléter mon projet", a-t-il déclaré depuis Denain, comme un main tendue aux autres partis, y compris les Insoumis. "Le projet peut être enrichi", "ce n'est pas à prendre ou à laisser", a-t-il ajouté devant la presse. "Je suis prêt à discuter le rythme et les compléments" de mon programme, a-t-il ajouté, tout en affirmant ne pas vouloir "d'accords d'appareil".
Le Pen arrivée en tête à Denain
À Denain, comme il y a cinq ans, la candidate du Rassemblement national est arrivée largement en tête du premier tour avec près de 42% des voix. En deuxième position, Jean-Luc Mélenchon a, lui aussi, réalisé un score important avec 28,5 % des suffrages, très loin devant le président sortant, à 15 %.
Denain, c'est aussi l'ancienne capitale du charbon et de l'acier. Une commune tenue par la gauche depuis plus d'un siècle. Le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a d'ailleurs échoué à prendre la ville lors des dernières municipales . À travers ce déplacement dans l'une des communes les plus pauvres de France, Emmanuel Macron veut donc s'adresser aux classes populaires, et notamment parler de pouvoir d'achat, le thème central de la campagne. Il devrait en profiter pour attaquer frontalement les propositions de Marine Le Pen.
Des cris de "Anti-Macron!" ou "Macron démission"
À Denain, le président-candidat a été accueilli aux quelques cris de "Anti-Macron!" ou "Macron démission", auxquels ses partisans ont répondu "Macron président!", à Denain (Nord), où la candidate du RN, député de la région, a recueilli 41% des suffrages dimanche.
"Est-ce qu'on a répondu assez vite et fort ? Non. Mais est-ce qu'il faut le repli ? Non plus", a-t-il indiqué, ajoutant être venu "expliquer la réponse sociale" de son projet. "Comme il n'y a plus de front républicain, je ne peux pas faire comme s'il existait", a-t-il dit, ajoutant vouloir "convaincre" et "compléter", "enrichir" son projet avec une "méthode nouvelle".
En se rendant sur les terres de son adversaire, il s'agit donc pour lui de prouver qu'il ne délaisse pas les classes populaires, plutôt acquises à Marine Le Pen, alors que l'image de "président des riches" lui colle à la peau. "J'ai vu beaucoup de jeunes qui disent: 'j’ai voté M. Mélenchon'. J’essaie les convaincre", martèle-t-il. "La revalorisation de la retraite minimale, ce n'est pas un chèque en blanc. On parle de la retraite à 65 ans et pas de ce que qu'elle va financer", a-t-il déclaré. "On peut pas promettre des mesures sociales sans les financer", a-t-il insisté, "le projet de Mme Le Pen ne tient pas la route".
Des visites à Mulhouse et Strasbourg mardi
"Ici, il y a beaucoup de colère, Denain a été beaucoup oublié. Par rapport au chômage, à la pauvreté. Il doit aller plus vite", témoigne Joëlle Soula, retraitée de 70 ans. Mais pour Sébastien Chenu, le député RN de la circonscription, "cette façon qu'a Emmanuel Macron de venir sur un territoire qu'il a contribué à abîmer est un peu cynique". Il l'accuse, sur LCI, de "fanfaronner en venant dire aux gens qui ont du mal à boucler les fins de mois : 'Croyez en moi'".
Face à ces critiques, la maire socialiste Anne-Lise Dufour Tonini se déclare plutôt satisfaite de l'action du gouvernement, qui "a injecté 45 millions d'euros" en cinq ans. En 2020, Le groupe Lesaffre (agro-alimentaire) a prévu d'installer une unité de production, un projet aidé par le gouvernement.
Mardi, Emmanuel Macron a prévu de faire campagne à Mulhouse et Strasbourg, deux villes ayant porté dimanche Jean-Luc Mélenchon en tête avec 35-36% des suffrages.