Le président-candidat Emmanuel Macron a galvanisé ses troupes samedi lors d'un meeting géant près de Paris afin de conforter sa position de favori à la présidentielle face à la poussée dans les sondages de Marine Le Pen.
Plus que pour le premier tour, où il est toujours en tête des intentions de vote, son entourage s'inquiète du resserrement de l'écart avec la candidate d'extrême droite au deuxième tour avec plusieurs études le donnant à 53% contre 47% à Marine Le Pen.
Dans un discours avec une forte tonalité sociale devant plus de 30.000 personnes, il a notamment évoqué le pouvoir d'achat, amputé par une inflation galopante et au centre de la campagne, promettant "dès cet été" le triplement de la "prime Macron" pouvant aller "jusqu'à 6.000 euros, sans charge ni impôt".
Après un début de campagne à minima, c'est le premier grand meeting - et probablement le seul avant le premier tour du 10 avril - pour "convaincre, pour mobiliser" avec "un projet de progrès, d'indépendance, d'avenir pour notre France et pour l'Europe", a-t-il lancé sur la scène de l'Arena à Nanterre (Hauts-de-Seine), la plus grande salle couverte d'Europe.
Education et santé
Il a mis l'accent sur deux domaines impactés de plein fouet par la pandémie de Covid-19, l'éducation car "l'ascenseur social reste encore trop en panne" et la santé, un domaine "où nous devons aller plus loin", rendant hommage aussi bien aux corps enseignants, les "artisans de la République" qu'aux personnels de santé, qui doivent faire face à "l'épuisement".
Emmanuel Macron est revenu sur ses promesses de baisse des impôts et de retour au plein emploi tout en précisant sa proposition de réforme du RSA liant cette aide à une activité "d'insertion" de 15 à 20 heures par semaine, qui avait été très critiquée par ces adversaires, tant à gauche qu'à l'extrême droite.
"Nous mettrons en place pour les bénéficiaires du RSA des activités de formation, d'insertion, de réinsertion" et "il ne s'agit pas, comme l'ont prétendu certains, de travaux d'intérêt général, encore moins de vouloir couper des aides à ceux que la vie a trop abîmés".
Il a de nouveau défendu le recul de l'âge de la retraite à 65 ans, une promesse également sous le feu des critiques. "Ne croyez pas ceux qui vous expliquent qu'ils feront la retraite à 60 ans ou à 62 ans, (..) et que tout ira bien, ce n'est pas vrai", a-t-il martelé, visant clairement Marine le Pen.
"Bon courage à ceux qui, face à la Russie prône le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps défendent le +grand rabougrissement+", a-t-il lancé contre le leitmotiv du "grand remplacement" d'Eric Zemmour.
Ne pas "attiser les peurs"
Evoquant à plusieurs reprises la guerre en Ukraine, qui marque le "retour du tragique dans l'Histoire", le candidat Macron, également président en exercice du conseil de l'Union européenne, a souligné qu'il n'était pas de ceux "qui attisent les peurs et cherchent des bouc-émissaires, cela ne sert à rien".
Dans un registre plus émotif, il a évoqué ces cinq années qui "ont été rudes pour nous tous et pour certains si rudes, si injustes, les plus bouleversantes depuis un demi siècle".
En déplacement à Marseille, le candidat d'extrême droite Eric Zemmour a pour sa part appelé les électeurs des Républicains qu'il estime "trahis" par LR à voter pour lui plutôt que pour la candidate de droite Valérie Pécresse.
Au même niveau (autour de 8,5 à 10%) que l'ex-polémiste, Valérie Pécresse (LR) ne veut "rien lâcher" et compte aussi sur le meeting qui se tiendra dimanche porte de Versailles à Paris, où les ténors Les Républicains appelleront les électeurs de droite à se mobiliser derrière elle.
Se disant de son côté "sereine", Marine Le Pen apparaît plus que jamais déterminée à rejouer, pour le gagner, le même match qu'en 2017, avec un second tour face au président sortant.
Mais l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon espère perturber ce jeu en la devançant au premier tour, les derniers sondages le créditant d'environ 15-16% des intentions de vote le 10 avril.
"Le Pen présente la même fragilité que M. Macron, leur profonde indifférence à la maltraitance sociale", donc "on va convaincre, beaucoup de choses vont bouger" et "le vote est plus ouvert que beaucoup le pensent", a-t-il déclaré samedi à Paris.
Le candidat communiste Fabien Roussel a lui cherché à convaincre à Villeurbanne (Rhône): "Voter efficace, c'est voter les jours heureux".