Présidentielle : la fin des deux visages à 20 heures ?

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En 2012, comme en 2007, en 2002, deux visages sont apparus sur les écrans de télévision au soir du premier tour. Ce pourrait ne pas être le cas dimanche soir. © AFP
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La fermeture plus tardive des bureaux de vote et l’indécision autour du résultat ne garantissent plus la traditionnelle apparition de deux visages dimanche à 20 heures pile. 

C’est une tradition télévisuelle bien ancrée dans l’histoire des soirées électorales françaises. Au soir du premier tour d’une élection présidentielle, à 20 heures tapantes, les chaînes de télévision affichent, avec une certaine pompe, musique solennelle à l’appui, le visage des deux candidats finalistes. Cette tradition sera peut-être sacrifiée cette année. Le changement des règles électorales, conjugué à la grande indécision qui entoure le scrutin, rend plus qu’incertaine la sacro-sainte apparition de 20 heures. Les instituts de sondage et les chaines se sont donc préparés à toutes les éventualités.

  • Une heure de moins pour collecter les résultats

La principale épine dans le pied des sondeurs pour cette élection présidentielle, c’est une loi du 25 avril 2016 qui repousse de 18 à 19 heures la fermeture des premiers bureaux de vote. Fâché par les fuites sur les réseaux sociaux, le législateur a ainsi voulu limiter la divulgation des résultats avant 20 heures et l’influence qu’elle pourrait avoir sur certains électeurs dont le bureau, situé dans les grandes villes, ferme le plus tard. "C’est une très grosse contrainte. Notre partenaire, Kantar-Sofrès, a donc très peu de temps pour nous faire remonter les résultats", explique à europe1.fr Philippe Morand, chef adjoint du service politique de TF1. "On a une heure de dépouillement de moins", résume Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFMTV, qui travaille avec l'institut Elabe. 

Les deux chaines, comme les autres, refusent de se fier aux sondages sortis des urnes. "Ils ne sont pas du tout fiables, on s’interdit de le faire", assure Philippe Morand. Du coup, seuls les résultats des premiers dépouillements dans des bureaux de test seront pris en compte. "En gros, les premiers dépouillements vont débuter à 19h15. Nous aurons les premiers résultats vers19h30-35, qui seront affinés jusqu’à 20 heures", affirme le journaliste.

" L'Ifop a multiplié par deux le nombre de points de collecte de l'information "

Et pour ne pas commettre d’impair, les instituts ont mis toutes leurs chances de leur côté, en occupant plus massivement le terrain. "Notre partenaire sondeur, l’Ifop, a multiplié par deux le nombre de points de collecte de l’information", précise ainsi Thomas Bauder, directeur de l’information délégué de CNews. Soit au total près de 300 bureaux de vote test. Ipsos, partenaire de France Télévisions, en annonce à France Info près de 500. "Elabe aura plus d'agents enquêteurs sur le terrain. Incontestablement, ils vont augmenter la charge", explique aussi Céline Pigalle, de BFMTV. 

Même dispositif musclé du côté de TF1. "La Sofrès, avec qui on travaille depuis très longtemps, a renforcé ses moyens sur le terrain, avec entre 200 et 220 bureaux de vote test, qu’elle sait très représentatifs de la population française", insiste Philippe Morand. Autre changement annoncé par le journaliste de TF1 : "un logiciel mis en place par One Point" qui permet une remontée plus rapide des résultats, sans passer par le téléphone. La première chaîne a même prévu un sujet, qui sera diffusé avant 20 heures, pour expliquer comment seront remontés les résultats depuis le terrain.  

  • Trois, quatre, voire cinq visages à 20 heures ?

Tous les diffuseurs aimeraient afficher sur leur antenne les visages des deux finalistes à 20 heures. Mais tous restent prudents. "On ne prendra aucun risque. Notre priorité, c’est de donner une information fiable", prévient Philippe Morand. "Vers 19h55, en fonction des résultats, une décision sera prise par la direction de l’information, autour de Catherine Nayl. Si c’est très serré, on ne s’interdit pas d’afficher trois visages à 20 heures", poursuit le chef adjoint du service politique de TF1. "Avec l'indécision des sondages et la fermeture plus tardive des bureaux, ce sont deux incertitudes qui s'additionnent. Il n'est donc pas tout à fait certains qu'à 20 heures on puisse afficher le nom des finalistes", admet Céline Pigalle, qui précise que BFMTV a tout prévu : deux trois, voire quatre visages.

" Il n'est pas interdit de penser qu'il y aura dimanche soir une grande première "

"Si l’écart est suffisant, on affichera évidemment deux visages. Mais on peut aussi en afficher trois quatre, voire cinq. Car si le résultat est particulièrement serré, la question du report des voix se posera très vite", assure de son côté Thomas Bauder, de CNews.  "On a anticipé, on sait que tout peut arriver. Généralement, dans ce genre d’élection, il faut s’attendre à ce à quoi on ne s’attend pas. Il faut partir mentalement avec une page blanche", estime le journaliste.  

Et si tous les gabarits sont prêts, les chaînes décideront au tout dernier moment. "On dispose d’un outil qui nous permet de décider de l’image qu’on diffusera au tout dernier moment", affirme Philippe Morland. Même souplesse du côté de CNews. "Comme disent les jeunes, ça se fait en 2-2", sourit Thomas Bauder. "En moins d’une minute, on peut changer ce qu’on montrera à l’écran". Il s’agira juste de ne pas se tromper. "On a fait des répétitions particulièrement concentrées, pour s'assurer que l'outil fonctionne bien", affirme Céline Pigalle. "Mais il n'est pas interdit de penser qu'il y aura dimanche soir une grande première. A l'issue d'une élection qui, décidément, les aura multipliées", conclut la directrice de la rédaction de BFMTV.