Les cinq candidats à la primaire de la droite se retrouvent lundi soir sur LCI pour le premier des quatre débats télévisés. L'heure de la confrontation des programmes a sonné pour Michel Barnier, Xavier Bertrand, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse, après plusieurs semaines d'incertitudes sur le mode de scrutin. Le temps sera court pour convaincre les militants des Républicains avant le scrutin interne, prévu début décembre, qui doit décider lequel de ces candidats est le mieux placé pour porter la droite à l'élection présidentielle d'avril prochain.
"Donner à la droite une chance d'exister pour les cinq ans qui viennent"
Trois petites semaines pour se retrouver début décembre avec (enfin) un candidat unique, capable (c'est l'enjeu) de jouer sa place au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron. À ce jour, le président sortant est qualifié quel que soit le cas de figure. Trois petites semaines donc pour créer un souffle et pour donner à la droite une chance d’exister dans les cinq ans qui viennent.
Pour l’instant, la candidature de la droite de gouvernement n’existe pas vraiment. Pendant des mois, le parti des Républicains s’est focalisé sur des questions purement internes (primaire ou pas primaire, ouverte à tous les Français ou réservée aux seuls militants, point de passage obligé ou non...). Tout cela n’avait aucune chance de mobiliser les Français. A droite, on a davantage parlé cuisine que recettes pour redresser le pays. Ce sera le premier défi du débat de ce soir : parler des programmes.
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Des programmes tirés vers la droite
Les cinq candidats ne portent pas vraiment de propositions différentes. La principale césure se fait sur les questions d’immigration et de sécurité. La percée médiatique d’Éric Zemmour et le bilan assez médiocre d’Emmanuel Macron en la matière ont indéniablement tiré les programmes vers la droite, vers plus d’autorité, de contrôles et de sanctions. Le plus rigoureux dans ce domaine sera Eric Ciotti, mais il est suivi de près par les quatre autres débatteurs.
Pour le reste, ils proposeront tous une baisse des impôts, une baisse de la dépense publique, pour essayer de maîtriser la dette du pays. Ils proposeront tous une diminution du nombre total des fonctionnaires en prenant bien soin, naturellement, de ne pas taper dans les effectifs de la santé ou de la police et de la gendarmerie, ou de l’Éducation. Et ils auront tous un volet conversion raisonnable et maîtrisée de l’économie vers moins d’énergies fossiles.
Tout cela est classique, assez prévisible, assez ressemblant. Et c’est pour ça que le débat de ce soir doit apporter autre chose : il doit servir à révéler les personnalités, à faire émerger les caractères. Il doit permettre de créer le moment de la droite. Depuis l’été, on a eu successivement (et de façon plus ou moins éphémère) le moment Jean-Luc Mélenchon, puis celui des écolos, le moment Edouard Philippe (avec un horizon plus lointain), le moment d’Anne Hidalgo, celui d’Eric Zemmour, et presque tous les jours les moments d’Emmanuel Macron, plus présent que jamais sans pour autant être officiellement en campagne. Si la droite veut avoir une chance d’exister, c’est son tour. C’est maintenant.
S'adresser en priorité aux militants
Pour exister, à qui la droite doit-elle parler ? C’est toute la difficulté : la primaire n’est ouverte qu’aux militants des Républicains à jour de cotisation au 16 novembre. Ce sont eux qui désigneront le candidat unique de la droite et du centre, c’est donc à eux, les militants, que les cinq débatteurs doivent en priorité s’adresser. Or, le point de vue moyen des encartés dans un parti est toujours assez clivant, plus en tout cas que celui de la moyenne des Français. Le dosage sera donc intéressant à surveiller.
Voilà tout ce qui va se jouer, ce soir. Avec une dimension supplémentaire, une inconnue totale celle-là : le Covid. Pendant 18 mois, l’épidémie a occupé seule le devant de la scène médiatique. Si une cinquième vague devait se confirmer, si le virus redevenait la préoccupation majeure des Français, si, de fait, le chef de l’État retrouvait le rôle prédominant (pour le pire, puis pour le meilleur) qui fut le sien depuis 18 mois de crise économique et sanitaire, alors, débat ou pas, il n’y aurait plus vraiment de place pour un moment de la droite. Début de la réponse 24 heures après le premier débat, avec l’allocution d’Emmanuel Macron, mardi soir."