Présidentielle : "Les pronostics sont souvent déjoués par les Français", juge Gaspard Gantzer

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Pauline Rouquette , modifié à

À huit mois de l'élection présidentielle, l'ancien conseiller de François Hollande met en garde : "rien ne se passe jamais comme prévu". Invité d'Europe 1, vendredi, Gaspard Gantzer a évoqué les surprises dont peut être pavé le chemin menant au scrutin. Il a également évoqué un paysage politique "éclaté" dans lequel les électeurs peuvent changer rapidement d'avis.

"Les pronostics sont souvent déjoués par les Français", estime Gaspard Gantzer. Invité d'Europe 1, vendredi matin, l'ancien conseiller de François Hollande, aujourd'hui proche de la République en Marche (LREM), a signé mardi une tribune publiée dans Le Monde, dans laquelle il rappelle que "lors d'une campagne présidentielle, rien ne se passe jamais comme prévu".

En effet, explique-t-il à Europe 1, " Si on se réfère aux précédents historiques des élections présidentielles des dernières années de la Ve République, on est obligés de se dire que les pronostics sont souvent déjoués par les Français".

"Un paysage politique éclaté, presque liquide"

"C'est Alain Juppé qui devait devenir président de la République et on l'imaginait assez bien se retrouver au second tour face à François Hollande ou face à Marine Le Pen. Finalement, c'est Emmanuel Macron qui a été candidat et on sait le scénario rocambolesque", rappelle Gaspard Gantzer, en évoquant la présidentielle de 2017. "Les fois précédentes, il y en a eu d'autres : Dominique Strauss-Kahn était favori, à un moment donné. Lionel Jospin aussi était favori, et aucun n'a gagné", poursuit Gaspard Gantzer, également enseignant à Sciences-po et HEC Paris, et président et fondateur de Gantzer Agency.

Alors que les pronostics pour 2022 semblent annoncer un duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, et une victoire du président sortant, Gaspard Gantzer met en garde : "Je pense que les Français, qui ont pris l'habitude aujourd'hui de faire des héros aussi vite qu'ils les font redescendre de leur piédestal, vont pouvoir déjouer leurs pronostics". Aussi, ajoute-t-il, "on a un paysage politique très éclaté, presque liquide, dans lequel il y a beaucoup d'abstention, dans lequel les partis politiques ne jouent plus le rôle de contingentement des courants partisans". De ce fait, d'une élection à l'autre, les électeurs peuvent changer d'avis et se porter sur des candidats différents.

Des surprises possibles, à gauche comme à droite

"Je pense que rien n'est joué et qu'il peut y avoir des surprises, tant venant de la droite - Valérie Pécresse, Xavier Bertrand -, que de la gauche", poursuit Gaspard Gantzer. "À gauche, la surprise peut venir de deux niveaux : les écolos, qui sont en train de remporter la bataille culturelle et ont de fortes personnalités ; et les socialistes, avec Anne Hidalgo en tête de pont".

Pour autant, Gaspard Gantzer reste lucide : "J'ai du mal à croire que les socialistes vont gagner l'élection présidentielle", dit-il. "En revanche, je pense que c'est important qu'il y ait un courant social démocrate qui réussisse à exprimer ses idées , et peut-être qu'on peut souhaiter qu'après un premier tour de chauffe, les Verts, les socialistes, et d'autres, vont réussir à rassembler pour créer une candidature". Au fond, conclut Gaspard Gantzer, "ce que joue la gauche, c'est peut-être moins la présidentielle de 2022 que celle de 2027."