C’était l’une des affiches possibles, et cela devient une finale probable. Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont en train de devenir les favoris de cette présidentielle. Les difficultés de François Fillon, empêtré dans le Penelopegate, et celles de Benoît Hamon qui ne parvient pas à faire réellement décoller sa campagne et qui doit faire face aux tentations macronistes de l’aile droite du PS, ont propulsé le fondateur d’En marche ! et la dirigeante frontiste en tête des intentions de vote dans les enquêtes d’opinion.
Chacun dans le viseur de l'autre. Le 7 mai prochain, l’hypothèse d’un affrontement Macron/Le Pen ressemble de moins en moins à de la politique fiction. On a beaucoup parlé du "21 avril 2002". On risque désormais un double 21 avril, c’est-à-dire une disparition à la fois du PS et des Républicains. Les deux favoris ont conscience de leur statut et multiplient les attaques l’un contre l’autre. Emmanuel Macron, plutôt courtois avec ses concurrents - "bienveillant", selon le terme qu’il emploie -, s’en prend assez peu à François Fillon, à Benoît Hamon et à Jean-Luc Mélenchon. Mais il y en a une qu’il tape, et en lâchant ses coups, c’est Marine Le Pen.
Et c’est réciproque, d’ailleurs. La candidate du FN, au début, s’en prenait surtout à François Fillon. Dans les semaines qui ont suivi la victoire du Sarthois à la primaire, elle redoutait qu’une partie des électeurs de droite tentés par le FN reviennent au bercail d’une droite décomplexée et conservatrice. Mais le Penelopegate a tout emporté. Avec les soucis judiciaires de François Fillon, c’est Emmanuel Macron qui s’est démarqué.
Une opposition qui fait sens. Si les deux incarnent le ni droite ni gauche, et prétendent lutter contre le système, ce qui reste à démontrer pour l’une comme pour l’autre, ils se situent aux antipodes politiques. L’un est européen, progressiste, libéral. L’autre est nationaliste, anti-européenne, conservatrice et xénophobe. L’un est la thèse, l’autre l’antithèse. Les amis de Marine Le Pen considèrent qu’une finale contre Emmanuel Macron représente parfaitement le combat entre patriotes et mondialistes. De l’autre côté, les proches de Macron pensent qu’un second tour contre Marine Le Pen lui permettra d’être largement soutenu.
Un débat d'entre-deux-tours ? Ce ne sont pas les meilleurs ennemis, mais en tout cas des adversaires préférés. On est d’ailleurs curieux de voir ce que pourrait donner une confrontation, un débat en face à face entre les deux. D’ailleurs, il a failli en avoir un en mars. Tous les deux étaient d’accord, mais Marine Le Pen a finalement décliné. Ce n’est que partie remise. Entre les deux, le mano a mano ne saurait tarder.