Jean-Luc Mélenchon ringardise la concurrence. Il a dynamité les vieux canons de la campagne électorale. Même Emmanuel Macron et ses marcheurs qui recyclent la démocratie participative de Ségolène Royal version 2007, ont pris un coup de vieux.
Audience de star. La clef du succès de Jean-Luc Mélenchon, c’est d’abord sa force sur les réseaux sociaux et sur internet : sa chaîne YouTube qui bat des records d’audience et qui, pour le coup, lui offre un temps de parole libre et illimité. Pour en avoir fait l’expérience, ses militants sur les réseaux sont les plus nombreux et les plus actifs. Pour vous donner une idée, lorsqu’il est venu à Europe 1, comme tous les autres candidats, il est passé dans la Social room : une interview de 5 minutes diffusée sur Facebook. Son audience : 1 million de vues, quand les autres candidats plafonnaient entre 50 et 70.000 vues. 1 million de vues, c’est une audience de star du showbiz. Mélenchon, c’est le Tom Cruise de la toile dans cette campagne !
Moins clivant. Il y aussi les meetings. Marseille, la Canebière noire de monde sous le soleil, et les hologrammes : mardi prochain, il sera physiquement à Dijon et en hologramme dans six autres villes en même temps. A côté, Bercy paraît ringard, la porte de Versailles, sinistre. Mais une campagne, ce ne sont pas seulement les images. C’est aussi une stratégie qui se déploie sur plusieurs mois. Sur ce point, Jean-Luc Mélenchon a appris de ses erreurs de 2012 : faire moins d’interviews pour ne pas s’épuiser, et surtout ne pas s’enfermer dans une image partisane, clivante.
Bernie Sanders made in France. Le candidat Mélenchon du début de la campagne s’est étoffé : il parle aujourd’hui aux déçus de la droite, "aux dégoûtés de Fillon", comme il dit, qui viennent par curiosité dans ses meetings. Il campe un candidat plus rassembleur, plus rassurant, qui parle d’avantage de la nation que de la gauche. Même son âge - 65 ans - devient un atout. A l’image d’un Bernie Sanders aux Etats-Unis qui, avec ses 75 ans, performait auprès des jeunes. Sa campagne est d’ailleurs tellement réussie qu’elle fait presque oublier un programme délirant par certains aspects : le plus coûteux de tous, avec 273 milliards d’euros, et au passage une explosion des impôts.