L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a mis en garde mercredi le camp Macron contre tout excès de confiance en vue de la présidentielle, en appelant à ne pas se "retrancher derrière les sondages" dont "la valeur prédictive est nulle". "En dépit de sondages qui peuvent apparaître flatteurs, nous pourrions détourner Jean de La Fontaine et dire que tous les grands sondeurs vivent aux dépens de ceux qui les écoutent", a lancé M. Philippe aux militants niçois, paraphrasant ainsi la fable du Corbeau et du Renard.
"Vous vous retranchez derrière du vide"
Alors qu'Emmanuel Macron est donné largement en tête du premier tour dans toutes les enquêtes d'opinion, et vainqueur du second quelles que soient les configurations, "la valeur prédictive des sondages est nulle", a insisté M. Philippe.
"Si vous vous retranchez derrière les sondages pour vous rassurer, vous vous retranchez derrière du vide, une image qui ne correspond pas à ce qui sera demain et permet de penser que cela ne correspond même pas à aujourd'hui. C'est ceux qui votent qui décident, et pas ceux qui font, commentent ou commandent les sondages", a-t-il plaidé lors d'une réunion publique au Palais Nikaia.
Plusieurs cadres de la campagne de M. Macron expriment effectivement leurs craintes d'une démobilisation de l'électorat à l'approche du premier tour, lié à un sentiment que le scrutin serait déjà gagné. "Les gens n'aiment pas l'arrogance, ni les résultats joués d'avance", a ainsi estimé en petit comité mercredi le maire ex-LR de Nice Christian Estrosi, désormais soutien de M. Macron.
"Rien n'est joué dans cette campagne"
"Parce que notre société politique est liquide, versatile, finalement peu enracinée", a énuméré M. Philippe, "notre pays est dans une situation où les basculements politiques peuvent intervenir rapidement. Autrement dit rien n'est joué dans cette campagne", a encore souligné celui qui a créé son parti Horizons, qui forme l'aile droite de la majorité.
Dans son discours, M. Philippe a longuement tressé des lauriers à M. Macron, en déclinant trois "caractéristiques" du chef de l'État: "le dépassement, l'audace et l'énergie".
"Le mandat prochain sera un mandat difficile, peut-être à bien des égards plus difficiles que celui qui vient de s'écouler", a prévenu celui qui a occupé Matignon de 2017 à 2020. "Nous voulons un président qui ait à la fois l'audace de la jeunesse et l'expérience du sortant. Un président qui compte en Europe mais qui connaisse et aime la France. Un président qui soit adossé à une majorité large et une majorité stable", a scandé M. Philippe.