François Fillon ne doit pas être impatient que le livre de Patrick Stefanini soit dans les librairies. Déflagration sortira jeudi, et c’est peu de dire que l’ancien directeur de campagne du candidat de la droite à la dernière présidentielle ne l’épargne pas, selon les premiers extraits publiés mercredi dans Le Monde. Celui qui avait emmené Jacques Chirac jusqu’à l’Elysée ou encore Valérie Pécresse à la victoire en Ile-de-France en 2015 décrit un candidat peu ou pas à l’écoute de ses équipes, enfermé dans ses certitudes et dans une attitude autodestructrice face aux multiples révélations qui émaillent sa campagne.
24 heures sans nouvelles. Ainsi, Patrick Stefanini, alors qu’il est directeur de campagne, dans l’une des pièces maitresses, sinon le rouage le plus important de l’équipe Fillon, n’arrive pas toujours à joindre son candidat, selon le quotidien du soir. Il reste parfois pendant plus de 24 heures sans avoir de nouvelles, et n’obtient pas toujours des réponses à ses quetrions. Par ailleurs, François Fillon s’investit peu, puisqu’il n’anime pas les réunions de ses équipes, ne montre pas d’empathie pour ses bénévoles et délaisse la préparation des affiches de campagne.
"Je ne ferai que ce que j’ai envie de faire". Patrick Stefanini cite un exemple qui selon lui montre l’attitude parfois hautaine de l’ancien Premier ministre, très tôt dans sa campagne. Le 23 août 2016, il envoie un mail à son équipe, quelques jours avant un discours important. "Discours de dimanche pour avis et suggestions dont je ne ferai que ce que j’ai envie de faire…", écrit François Fillon.
"Je n’ai plus confiance". Il arrive tout de même à l’ancien Premier ministre de douter face aux révélations, sur son épouse le 24 janvier 2017 dans Le Canard Enchaîné, mais aussi sur l’emploi de ses enfants comme collaborateur au Sénat alors qu’ils ne sont pas encore avocats, sur les costumes très onéreux reçus en cadeau de Robert Bourgi, sulfureux représentant de la Françafrique… "Je ne suis pas une tête brûlée, je ne veux pas envoyer ma famille politique dans le mur", déclare plusieurs fois François Fillon. Qui pourtant reste candidat, et plonge bel et bien Les Républicains dans une crise dont ils ne sont pas encore sortis aujourd’hui. Face à cette attitude, Patrick Stéfanini écrit : "le vernis qui recouvre son portrait se craquelle. En fait, je n’ai plus confiance dans la pertinence de ses jugements, plus confiance tout court".
Patrick Stefanini finit par jeter l’éponge quand la mise en examen de François Fillon ne fait plus de doutes. Il se maintient à son poste jusqu’au meeting de la dernière chance au Trocadéro, le 5 mars 2017, une initiative qu’il désapprouve. Sa démission prend effet le soir même.