C’est la dernière ligne droite d’une course qui dure depuis de longs, longs, mois. Les candidats ont jusqu'au vendredi 21 avril minuit, fin de la campagne officielle, pour donner le dernier coup de rein de leur campagne, avant le premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 23 avril.
Pour Stéphane Rozès, politologue et président de CAP (conseils, analyses et perspectives), le fait que quatre candidats - Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon - soient en position de se qualifier donne évidemment encore plus d’importance à cette dernière semaine de campagne. Il conseille aussi à ces quatre-là de se concentrer sur eux-mêmes, sans attaquer leurs adversaires.
- Nous entamons la dernière semaine de la campagne présidentielle. Traditionnellement, est-ce une période cruciale en vue de l’élection ?
La dernière semaine d’une campagne est forcément déterminante, puisque 15% des électeurs se décident le jour même du vote, et environ 20% dans les jours précédents. C’est a fortiori encore plus vrai cette année, avec l’indécision plus grande chez les électeurs, mais aussi dans les sondages d’intentions de vote.
- Quelle est la position la plus délicate pour aborder cette dernière ligne droite ? Celle des favoris qui descendent, ou celle des outsiders qui montent ?
La politique, c’est une dynamique, une physique, beaucoup plus qu’une arithmétique. Ce qui compte, ce sont les mouvements dans la dernière période. Et on observera évidemment de plus près la progression de ceux qui ont longtemps été derrière en matière d’intentions de vote. C’est surtout vrai pour Jean-Luc Mélenchon, qui est vraiment dans une dynamique spectaculaire. Pour François Fillon, les sondages sont quand même un peu plus contradictoires.
- Quelle attitude les candidats doivent-ils adopter lors de la dernière semaine ?
Il n’est plus temps de réorienter les choses. Il faut travailler sur ses fondamentaux. C’est à chacun de parler de ses propositions. Il est essentiel pour chaque candidat de tracer son propre chemin. Surtout, il faut se garder de parler des autres. Ces derniers jours, beaucoup ont commis l’erreur d’attaquer leurs adversaires. D’abord, cela rajoute à l’indécision, et ensuite, en France, un pays de tradition catholique, attaquer les adversaires, c’est sembler ne pas être suffisamment fort.
Emmanuel Macron doit donc prouver qu’il est capable d’emmener la France dans la bonne voie. François Fillon doit expliquer que le bien de la France passe par ses réformes, mais aussi qu’il peut introduire de l’intégrité dans la vie politique. Marine Le Pen doit expliquer en quoi ce qu’elle propose n’est pas un enfermement. Enfin Jean-Luc Mélenchon doit s’attacher à rassurer, dans le sens où certaines de ses mesures suscitent des inquiétudes dans l’opinion.
- Et Benoît Hamon ?
Il n’a pas tiré les conclusions de sa descente et de la montée de Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon et son camp ne comprennent pas ce qu’il se passe. Contrairement à Jean-Luc Mélenchon, qui a su adoucir son image, il n’a pas réussi sa campagne. Il n’a pas compris ce qu’est une présidentielle. Pour lui, c’est trop tard.