Devenu l’outsider, Alain Juppé doit désormais faire le jeu, exactement l’inverse de ce qu’il a fait pendant les trois premiers débats. Il ne peut pas se cacher, il ne peut pas attendre, il doit préempter le débat, l’emmener sur les sujets qu’il juge les plus payants pour lui, ceux sur lesquels il se sent plus fort que François Fillon.
Juppé doit convaincre la droite. Il ne peut plus se contenter d’attaquer François Fillon sur les valeurs ou encore la question de l’avortement. Cela ne suffira pas. Alain Juppé a fait campagne depuis des mois sur le rassemblement. Dans son propre camp, certains lui conseillent de cessez-le-feu, au lieu de s’épuiser à essayer de démolir François Fillon, Alain Juppé doit parler de lui, et de son projet. Sur l’économie notamment : expliquer comment il redonne du pouvoir d’achat aux classes populaires et relance l’emploi, comment il libère l’entreprise sans casser le modèle social. Et, surtout, c’est bien la droite qu'il doit convaincre la droite de son efficacité sur l’économie comme sur le reste. La droite ! Ce sont eux, et un peut les électeurs du centre qui feront l’élection, pas les électeurs de gauche.
Fillon doit s'inspirer d'Ali. Mais François Fillon, lui aussi, aborde ce débat dans une position inédite. Dans le combat de ce soir, il doit encaisser les coups, laisser l’adversaire mener l’assaut, encaisser et au bon moment, frapper. "Je vole comme un papillon et pique comme une abeille", disait Mohamed Ali. François Fillon doit s’en inspirer pour espérer le KO ce soir…