François Fillon a donné 300.000 euros à Nicolas Sarkozy après la primaire de la droite pour la présidentielle pour lui permettre de boucler ses comptes de campagne, écrit Patrick Stefanini dans un livre, Déflagration (Robert Laffont), cité dans un article de Paris Match paru en ligne mercredi.
L'entourage de Nicolas Sarkozy a confirmé mercredi soir "un accord entre (le micro-parti de François Fillon) Force Républicaine et l'Association de Soutien à l'Action de Nicolas Sarkozy (ASANS) concernant le remboursement des moyens détachés par le parti pour la campagne des primaires de Nicolas Sarkozy". Mais "il ne s'agit en aucun cas d'un 'deal financier' entre Nicolas Sarkozy et François Fillon", a-t-on insisté.
Un accord "au bénéfice" des Républicains. "Cela avait vocation à être rendu public, les comptes des campagnes politiques sont rendus publics au moment où les comptes sont présentés. C'est un accord entre des grands responsables de la droite, qui d'ailleurs était au bénéfice de notre famille politique puisqu'à la fin il s'agissait de rembourser Les Républicains", a pour sa part affirmé sur CNews Vincent Chriqui, qui a été directeur de la campagne de François Fillon après le départ de Patrick Stefanini.
Les confidences de l'ancien directeur de campagne de François Fillon dans #Punchline
— CNEWS (@CNEWS) 22 novembre 2017
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L'ouvrage de Patrick Stefanini, écrit en collaboration avec Carole Barjon, journaliste à L'Obs, sera en vente jeudi. L'ex-directeur de campagne de François Fillon lors de la présidentielle avait démissionné de son poste avant le premier tour, en désaccord avec le candidat empêtré dans ses affaires judiciaires.
Fillon a puisé dans les caisses de son microparti : l'opération est légale. Selon Michel Gaudin, directeur de cabinet de l'ex-président qui a confirmé pour Paris Match les informations de Patrick Stefanini, le "deal" financier entre François Fillon et Nicolas Sarkozy est scellé le 25 janvier dernier, lors d'un déjeuner organisé à la demande de l'ex-président, dont les comptes sont dans le rouge. Sa campagne pour la primaire lui a coûté 1,3 million d'euros et son parti, LR, lui demande le remboursement de 300.000 euros. De retour à son QG après le déjeuner, écrit Patrick Stefanini, François Fillon décide d'accéder à la demande de Nicolas Sarkozy et de puiser dans la caisse de son microparti, enrichi des quelque 10 millions d'euros que lui a rapportés sa victoire à la primaire. L'opération est légale, la loi autorisant les micropartis à verser des subventions à d'autres partis.
Stefanini évoque "la piètre image" renvoyée par Nicolas Sarkozy. Le 15 février suivant, les deux hommes se retrouvent à nouveau pour déjeuner. "Malgré le Penelopegate qui plombe la campagne depuis les révélations du Canard enchaîné du 25 janvier, la rencontre est qualifiée de 'chaleureuse' ", rapporte également Paris Match. François Fillon remet à Nicolas Sarkozy l'enveloppe que lui a transmise Patrick Stefanini, avec, à l'intérieur, un chèque de 200.000 euros. "J'en ris encore", confie Patrick Stefanini au magazine, insistant sur la "piètre image" renvoyée par l'ancien président, dont les comptes de la campagne présidentielle de 2012 avaient été rejetés par le Conseil constitutionnel.
Le Penelopegate : "Je savais bien que ça finirait par sortir". Un dernier versement de 100.000 euros a été effectué auprès de l'association de financement de Nicolas Sarkozy par Vincent Chriqui. "François Fillon souhaitait avoir de bons rapports avec Nicolas Sarkozy pour des raisons évidentes. Mais ces versements d'argent n'ont rien à voir avec ça", a assuré Vincent Chriqui à Match. Dans un autre extrait du livre cité par Le Monde daté de jeudi, Patrick Stefanini rapporte la réaction de Myriam Lévy, collaboratrice de François Fillon, en apprenant que le Canard Enchaîné s'apprête à publier un article sur la rémunération de Penelope Fillon: "Je savais bien que ça finirait par sortir".