Il ne leur reste plus que trois semaines pour convaincre les électeurs de les désigner pour représenter la gauche à la présidentielle. Il est donc grand temps pour les sept participants à la primaire de présenter leur programme. Vincent Peillon et Manuel Valls s'y sont attelés en bonne et due forme mardi matin. D'autres, comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, avaient déjà distillé leurs propositions un peu plus tôt. Europe, environnement, réforme institutionnelle : tous misent sur quelques mesures fortes pour se démarquer.
Jean-Luc Bennahmias : la proportionnelle aux législatives
L'ancien Europe Ecologie-Les Verts, également ancien MoDem, souhaite instaurer la proportionnelle aux législatives afin de "moderniser la démocratie française" et "sortir d'une monarchie républicaine épuisée". Si cette réforme institutionnelle figure aussi dans le programme d'autres candidats, elle est particulièrement représentative du projet politique de Jean-Luc Bennahmias. Passé par le Parlement européen, le sexagénaire en a tiré une appétence pour le compromis et la coalition électorale. Selon lui, un système de coalition est en effet le seul moyen d'affronter des crises économiques ou sécuritaires. Des législatives à la proportionnelle sont donc indispensables pour ensuite "unir les progressistes", qui vont pour lui de Jean-Luc Mélenchon jusqu'à Nathalie Kosciusko-Morizet.
Benoît Hamon : le revenu universel
L'ancien ministre de l'Education nationale a fait du revenu universel, thème fréquemment mis en avant par différents candidats, de droite comme de gauche, l'un de ses sujets de prédilection. "Ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, mais c'est réaliste", a-t-il répété une nouvelle fois lundi, sur Europe 1. Concrètement, Benoît Hamon propose d'allouer à tous les Français, sans condition de ressources, un revenu qui pourrait atteindre 750 euros mensuels –mais devrait être moindre au début. Il chiffre le coût de cette proposition à 300 milliards d'euros, et compte la financer en réformant l'impôt sur le patrimoine.
Arnaud Montebourg : le made in France
L'ancien ministre du Redressement productif reprend la pose. En 2012, il apparaissait en une du Parisien Magazine avec marinière Armor Luxe et robot Moulinex. En 2017, le made in France est toujours sa marque de fabrique. Arnaud Montebourg veut rediriger entre 10 et 20% de l'épargne placée par les Français dans les assurances-vie dans les petites et moyennes entreprises tricolores. En outre, il souhaite réserver 80% des marchés publics à des sociétés qui exercent sur le territoire national pendant huit ans.
Vincent Peillon : un "New Deal européen"
Candidat surprise, entré en lice tardivement, l'ancien ministre de l'Éducation nationale veut déployer une "stratégie européenne offensive et affirmée" pour sortir de la crise que connaît l'Union européenne. Son idée : "relancer le moteur franco-allemand" et "construire un New Deal européen" pour soutenir l'activité et l'emploi sur le Vieux continent. Un plan d'investissement de 1.000 milliards d'euros doit ainsi être lancé pour venir renforcer le plan Juncker (qui n'était "que" de 315 milliards sur trois ans).
Sylvia Pinel : la légalisation "encadrée" du cannabis
En 2011, déjà, pour la primaire socialiste, Jean-Michel Baylet, candidat PRG, prônait la légalisation du cannabis. Il optait alors pour la vente en pharmacie afin de garder le commerce de cette drogue "sous contrôle". Cinq ans plus tard, Sylvia Pinel a repris la présidence des radicaux de gauche et la même idée. L'ancienne ministre du Logement défend la légalisation "encadrée" du cannabis. "Aujourd'hui, c'est finalement une question de santé publique […] et de sécurité publique", a-t-elle affirmé.
François de Rugy : mener à bien la transition énergétique
Forcément, en tant que président du Parti écologiste, François de Rugy se devait de parler d'environnement. Sa priorité est de mener la transition énergétique à son terme, avec un objectif de production d'électricité 100% renouvelable d'ici à 2050. Pour y parvenir, l'ancien membre d'Europe Ecologie-les Verts veut fermer les centrales nucléaires dès qu'elles atteignent l'âge de 40 ans et les remplacer par des énergies renouvelables. Il compte mettre EDF à contribution, en demandant au géant de l'énergie de mettre en place un programme de reconversion pour ses employés.
Manuel Valls : limiter drastiquement l'usage de l'article 49.3
Pour un autre que lui, la mesure aurait pu paraître anecdotique. Mais dès lors que Manuel Valls est concerné, la promesse de limiter l'usage de l'article 49.3 de la Constitution est très symbolique. Lorsqu'il était à Matignon, l'ex-Premier ministre a en effet dégainé ce qu'il appelait alors un "outil constitutionnel" pour deux textes : la loi Macron en 2015 et la loi Travail en 2016. Cela lui a permis de faire adopter les deux lois sans vote à l'Assemblée, alors que les députés frondeurs socialistes menaçaient de s'y opposer. Mais une fois candidat, Manuel Valls a "changé". Et souhaite désormais que l'article 49.3 ne puisse être employé que sur des textes budgétaires.