Coup de tonnerre chez Les Verts. Les eurodéputés Yannick Jadot, 49 ans, et Michèle Rivasi, 63 ans, sont arrivés mercredi en tête du premier tour de la primaire organisée par Europe Ecologie-Les Verts, éliminant l'ex-ministre et patronne du parti Cécile Duflot.
Second tour le 7 novembre. Yannick Jadot est arrivé en tête du scrutin avec 35,61% des voix, devant Michèle Rivasi (30,16%). Cécile Duflot (24,41%) n'occupe que la troisième position, devant l'eurodéputée Karima Delli (9,82%). Avec ce coup de théâtre dont les écologistes sont familiers lorsqu'ils organisent des primaires, le second tour verra donc s'opposer le 7 novembre deux élus issus de la société civile et se tenant éloignés des luttes et tractations d'appareil.
Un camouflet.Cécile Duflot n'était pas plébiscitée par le noyau dur des écologistes, son statut d'ancienne ministre du Logement de François Hollande, notamment, lui ayant attiré de nombreuses critiques en interne. Mais la députée de Paris avait mené une campagne très active, en particulier sur les réseaux sociaux.
" Nous avons besoin d'une candidature écologiste qui tienne bon dans la tempête de 2017. Chacune et chacun fera son choix. "
"Déçue", Duflot ne donne pas de consigne pour le 2e tour. Dans la foulée de cette annonce, Cécile Duflot s'est dite "déçue" d'avoir perdu, préférant ne pas donner de consigne de vote pour le 2e tour. "Nous avons besoin d'une candidature écologiste qui tienne bon dans la tempête de 2017. Chacune et chacun fera son choix entre les deux candidatures arrivées en tête. Pour ma part, je soutiendrai comme je m'y suis engagée celle ou celui qui sera désigné", a-t-elle assuré, en promettant d'être au "rendez-vous de tous les combats pour l'écologie".
Un enjeu de taille pour EELV. Yannick Jadot, ancien de Greenpeace et proche des milieux associatifs, vise la brèche politique ouverte par le renoncement de Nicolas Hulot et fédère une bonne partie des mécontents d'EELV, hostiles à Cécile Duflot. L'enjeu sera de taille pour le vainqueur de la primaire qui aura la lourde tâche de représenter à la présidentielle de 2017 un parti très affaibli par le départ de nombreux cadres l'an dernier. Les finalistes de la primaire veulent faire mentir les sondages les créditant d'un score inférieur à 3% à la présidentielle du printemps.
13.000 votants et des zones d'ombre. Pour cette primaire, 17.146 personnes se sont inscrites au scrutin par voie postale, alors que le parti compte 7.000 adhérents. Mais seuls 12.582 ont voté, selon EELV, soit une participation de 74,98%. Lors du précédent scrutin interne pour la présidentielle de 2012, 31.000 personnes s'étaient inscrites au scrutin, dont 14.000 adhérents. Les révélations publiques d'irrégularités - en particulier l'absence de vérification des identités - ont jeté une ombre sur le premier tour. "À la marge, on peut toujours frauder", a dit au Monde David Cormand, secrétaire national d'EELV. "Mais cela ne peut pas entacher la régularité du vote".
Trois mois après la décision de Nicolas Hulot de ne pas se présenter à la présidentielle, son entourage a exprimé les regrets de l'animateur, qui vivrait son renoncement comme une "souffrance".