Le premier tour de la primaire PS est programmé le 22 janvier et, pour l’heure, elle ne soulève pas les foules. Un sondage Odoxa pour Franceinfo publié vendredi montre que si 42% des personnes interrogées se disent intéressées par le scrutin, les trois quarts ne connaissent pas les dates du premier tour, qui a pourtant lieu dans moins de deux semaines. Preuve que l’intérêt reste lointain, et que la participation est dont plus qu’incertaine. Or, en cas de fiasco, les conséquences, pour le PS, seraient lourdes. Tant politiquement qui financièrement.
A faible participation, adversaires renforcés
Jean-Christophe Cambadélis, comme il l’a dit jeudi sur Europe 1, table sur un chiffre entre "1,5 million et 2 millions" de votants. Le premier secrétaire du PS sait donc que ce sera de toute façon moins qu’en 2011, quand le même type de processus avait abouti à la victoire de François Hollande. A l’époque, 2,7 puis 2,9 millions de personnes s’étaient déplacés aux urnes. Une ambition à la baisse donc, mais pour le député de Paris, ce serait déjà "pas mal et intéressant". Toutefois, si cet objectif, pourtant pas très élevé à la base, n’était pas atteint, même dans sa fourchette basse, alors les adversaires du PS pourraient se frotter les mains.
Fillon fera mieux à… lui tout seul. Premier d’entre eux : François Fillon. Lui a remporté, fin novembre 2016, la primaire de la droite à laquelle ont participé 4,3 puis 4,4 millions de personnes. En regroupant sur sa seule personne près de 3 millions de voix au deuxième tour. S’il débutait avec une assise populaire trois, voire quatre fois supérieure au vainqueur de la primaire PS, l’ancien Premier ministre partirait avec un sacré avantage en termes de dynamique. Sans compter qu’à lui seul, il a regroupé sur sa personne 1,9 puis 2,9 millions de voix. Soit sans doute mieux, à lui tout seul, que l’ensemble du corps électoral de la primaire socialiste. Symboliquement, ça compte.
Macron et Mélenchon renforcés ? Le candidat de la droite ne serait toutefois pas le seul à se réjouir d’une primaire PS manquée. Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron auraient toutes les raisons d’être satisfaits eux aussi. Jean-Christophe Cambadélis a affirmé lors de ses vœux, mercredi, que les deux candidats n’étaient "forts aujourd'hui que de l'absence de candidat de gauche" et s’est dit certain que "la primaire va déverrouiller la présidentielle". Mais ça, c’est seulement si la primaire est une réussite. Dans le cas contraire, Mélenchon et Macron seront au contraire confortés dans leur aventure solitaire. Et la perspective de voir le vainqueur de la primaire échouer au premier tour de la présidentielle à une piteuse cinquième place (derrière François Fillon, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron) se rapprocherait dangereusement.
Des finances en danger
Il y a, aussi, l’aspect financier. Une primaire, ça coûte cher. Celle de 2011 avait coûté près de 6 millions d’euros au Parti socialiste. Christophe Borgel, président du comité d’organisation, tablait mi-décembre dans le JDD sur un coût de 3,5 millions d’euros. Une somme certaine, d’autant que la prévision reste quand même optimiste. Pour compenser, les votants devront débourser un euro avant de glisser leur bulletin dans l’urne. Le calcul est donc simple : il faut 1,75 million de votants à chacun des deux tours pour que le PS rentre dans ses frais.
En 2011, le nombre de votants avaient largement permis de compenser l’argent déboursé. Cette fois, ce sera plus compliqué. Voire pire : si le nombre de votants avoisine le million, la perte sèche sera d’au moins 1,5 million d’euros. Pas idéal au moment de se lancer dans une campagne présidentielle par nature très onéreuse.