Les trois quarts des membres du groupe des Républicains à l'Assemblée nationale, soit 75 députés, plaident dans le Journal du Dimanche contre l'introduction d'une dose de proportionnelle dans le scrutin législatif, "une combine" qui selon eux aboutirait à "la création de deux catégories de députés".
Jacob, Peltier, Larrivé... "La première catégorie serait celle de professionnels de l'expression médiatique, actifs dans les états-majors des partis politiques, sans lien nécessaire avec les Français", élus à la proportionnelle; "la seconde catégorie serait celle de députés qui auraient plus de difficultés qu'aujourd'hui à entretenir un vrai lien avec les Français, puisque leur territoire d'élection serait immense", font valoir ces élus, parmi lesquels le président du groupe Christian Jacob et plusieurs membres de l'état-major de LR, comme les vice-présidents du parti Damien Abad et Guillaume Peltier, la secrétaire générale Annie Genevard, le secrétaire général délégué Guillaume Larrivé ou encore Fabien di Filippo, secrétaire général adjoint.
"Triturer les institutions". Ce projet gouvernemental, qui doit être examiné par l'Assemblée nationale à la rentrée, revient selon ces élus à "triturer les institutions afin de diminuer les libertés de nos concitoyens. Parce qu'elle a pour mission de faire entendre la voix des Français, l'Assemblée nationale est attaquée au bazooka", affirment-ils, assurant que "la domestication, la décomposition et la démolition de l'Assemblée nationale sont en marche".
"Le triomphe de la technocratie". Selon les députés LR, "si une diminution du nombre des membres du Parlement peut être légitimement envisagée, la combinaison d'une réduction d'un tiers et de l'introduction d'un mode de scrutin mixte est de nature à affaiblir profondément la mission constitutionnelle de l'Assemblée nationale et sa légitimité à incarner, par délégation de la nation, un pouvoir de l'Etat". "Ce serait le triomphe de la technocratie et la défaite de la démocratie", écrivent-ils.
Cette tribune est publiée deux jours avant que l'Assemblée se saisisse d'un projet de révision constitutionnelle qui, en prévoyant une accélération de la procédure parlementaire au nom de l'"efficacité", est déjà dénoncée par les opposants à Emmanuel Macron, compris LR, qui y voient une volonté d'affaiblir le Parlement.