Faut-il mettre en place le référendum d'initiative citoyenne (RIC), l'une des principales revendications des "gilets jaunes", qui prévoit de consulter la population plus souvent qu'aujourd'hui ? Jean-Michel Aphatie a débattu de cette question avec Marie, auditrice d'Europe 1, jeudi, à l'occasion de l'inauguration du nouveau studio Pierre-Bellemare.
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"Une pratique pas généralisée". "Sur le papier, c'est une bonne idée" et "la réflexion vaut la peine d'être menée", estime l'éditorialiste d'Europe 1. C'est d'ailleurs la direction qu'a prise le gouvernement, en annonçant la tenue d'un débat sur ces référendums ardemment défendus par de nombreux contestataires. "La pratique n'est pas très généralisée", constate quant à elle Marie, fonctionnaire territoriale de Chalon-sur-Saône et "plutôt favorable" au "RIC". Elle n'a pas tort : le dernier référendum organisé sur le territoire national remonte à 2005, avec une consultation sur le traité établissant une constitution pour l'Europe. À l'époque, le "non" l'avait emporté à plus de 55%.
" J'ai des réserves sur des sujets qui cristallisent les colères. L'immigration, par exemple, est un thème assez difficile à soumettre au référendum "
Mettre en place le "RIC" ferait-il passer la France d'un pays peu consulté entre les élections à un peuple consulté à intervalles réguliers ? Jean-Michel Aphatie pointe en tout cas un risque de "campagne électorale permanente" sur de nombreux sujets avec la perspective de voir, comme sur certaines consultations en Suisse, pays pionnier en la matière, l'abstention dépasser les 40%.
"Profilé pour les questions de société, mais…" C'est une autre interrogation : quels seront les sujets concernés par ces référendums ? Le "RIC" est "parfaitement profilé de pour les questions de société", comme la PMA ou le mariage pour tous en 2012, juge l'éditorialiste. Mais en revanche, l'utiliser pour des questions économiques serait "plus compliqué", voire "très complexe" sur le réchauffement climatique, problématique majeure du 21ème siècle. "J'ai des réserves sur des sujets qui cristallisent les colères", poursuit Marie. "L'immigration, par exemple, est un thème assez difficile à soumettre au référendum."
Nombreuses zones d'ombre. De nombreuses zones d'ombre nimbent donc cette question du référendum d'initiative citoyenne : quels intervalles pour les consultations citoyennes ? Quel impact pour celles-ci ? "Le Conseil constitutionnel pourra-t-il surveiller la légalité des votes ?", s'interroge Marie. "Tout dépend de la question posée", poursuit-elle. "C'est une bonne idée théorique mais très souvent inutilisable", conclut Jean-Michel Aphatie.