C'est un passage obligé de chaque candidat à la présidentielle : une visite en Outre-mer, entre réunions publiques et passages sur les marchés. Cette semaine, trois prétendants à l'Élysée tentent de convaincre l'électorat ultramarin. Marine Le Pen est en Guyane tandis qu'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont en Martinique.
- Une première pour Marine Le Pen en Guyane
Depuis qu'elle est présidente du Front national, elle n'avait jamais fait ce voyage. Voilà donc Marine Le Pen pour la première fois en Guyane. Et sur le marché de Cayenne, vendredi, elle a pu constater, tout sourire, que sa stratégie de dédiabolisation avait porté ses fruits de ce côté de l'Atlantique. "On vous critique, moi ça me paraît bizarre", lui a ainsi lancé un homme. "Vous ne faites pas le même travail que votre papa." Pour Marine Le Pen, s'afficher à l'écoute des populations locales, sur une terre métissée, compose une photo idéale. "On peut parfaitement être opposé à l'immigration clandestine, au désordre et au chaos, sans se faire systématiquement traiter de raciste", s'est félicité la candidate. "On est au bout de cette logique de la caricature, de l'insulte."
Néanmoins, la présence de Marine Le Pen ici n'a pas fait l'unanimité. Deux députés et deux sénateurs se sont ainsi publiquement offusqués de sa venue, affirmant dans un communiqué que son "idéologie" n'avait "pas sa place en Guyane". Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à l'aéroport, à son arrivée jeudi. Et même sur le marché de Cayenne, elle ne faisait pas l'unanimité. "La Guyane n'est peuplée que d'étrangers. On a plus de vingt nations différentes qui vivent [ici] et on vit en parfaite harmonie. Les propos que Marine Le Pen tient vont mettre de la division dans la société guyanaise", a estimé un père de famille.
- En Martinique, Jean-Luc Mélenchon exalte l'autonomie
Candidat pour La France insoumise à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en Martinique vendredi. Il a axé son discours sur l'autonomie énergétique et la souveraineté alimentaire des territoires ultramarins. "Toutes les îles devraient, avec leurs assemblées locales, prendre la décision de parvenir à l'autonomie énergétique, pas comme un vœu pieux, mais avec un calendrier et de la visibilité pour les entreprises locales qui feraient des investissements", a-t-il ainsi estimé dans un entretien à France-Antilles.
Rappelant qu'on "ne peut pas construire un mode de développement uniquement" sur le tourisme, Jean-Luc Mélenchon a aussi prôné "une planification pour le retour à l'agriculture vivrière", afin de retrouver, autant que possible, une souveraineté alimentaire dans les DOM-TOM. Après sa visite en Martinique, Jean-Luc Mélenchon se rendra dimanche en Guadeloupe où il alternera là aussi visites et réunion publique.
- Emmanuel Macron ne convainc qu'à moitié en Guadeloupe
Arrivé vendredi en Guadeloupe, Emmanuel Macron a bien mal commencé son voyage. Quelques heures avant son départ, son équipe de communication a fait partir un tweet mentionnant une Française "expatriée" aux Antilles. Le fondateur d'En Marche! a donc commencé, dès sa descente de l'avion, par éteindre l'incendie. "Cela a beaucoup fait réagir l'extrême droite qui n'est pas la bienvenue ici et l'extrême gauche qui n'a rien d'autre à faire", a-t-il lancé, serein. "Pour ma part, je suis très heureux d'être en Guadeloupe, je n'ai jamais eu de problème en géographie."
Pour son meeting dans un amphithéâtre de Baie-Mahault, Emmanuel Macron a reçu un accueil sympathique mais bien loin de la folie qui avait animé la Porte de Versailles le 10 décembre. Dans un département qui compte 28% de chômeurs, certains, comme Dominique, avaient bien du mal à croire encore aux belles promesses. "Nous connaissons le bal des élections. Depuis la nuit des temps, tous les candidats passent. Le risque, c'est de rester sur des discours."
"En 2012, c'est vrai que j'ai voté François Hollande", témoignait également une femme, visiblement plus convaincue. "Emmanuel Macron touche du doigt les problématiques de cette génération sur l'économie, la vie sociale, le chômage." Entre lassitude et vrais espoirs, l'ancien ministre de l'Économie aura déjà gagné ici un surnom : "le MEC. Macron Emmanuel Candidat." Et il a aussi eu l'occasion de donner une démonstration de zouk un peu raide mais plutôt en rythme, comme l'a immortalisé notre journaliste, Théo Maneval.
Vous vouliez voir @EmmanuelMacron (essayer de) danser le zouk ? C'est cadeau. #E1weekend#Guadeloupe#NoelCreole@Europe1pic.twitter.com/3LHoFUFKlf
— Théo Maneval (@TheoManeval) 17 décembre 2016