Il a franchi la première étape avec succès. Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2017 dimanche, recueillant, selon les premières estimations, plus de 23% des suffrages. Ne lui reste plus que quinze jours pour, en cas de victoire au second tour face, accéder à l’Élysée. Et si d’aventure l’ancien ministre de l’Économie était élu, il a déjà esquissé, au gré de ses interventions médiatiques, le style de la présidence qu’il souhaite incarner.
- Le président qui préside, pas celui de l’anecdote
Quel enfant ne s’est pas juré de ne pas reproduire les erreurs de ses parents ? Emmanuel Macron a, lui, appris des errances de son mentor politique, François Hollande. Le candidat d’En Marche! a donc promis à plusieurs reprises d’être un président qui aura “le sens du temps long, la parole rare et grave”. Il ne faut donc pas s’attendre à de multiples confidences aux journalistes qui donneront lieu à la publication d’innombrables livres politiques au pire moment du quinquennat. “Je ne serai pas le président de l’anecdote”, a également prévenu Emmanuel Macron dans un entretien accordé à Europe 1 le 29 mars dernier. Lui veut “un président qui préside et un gouvernement qui gouverne”. Lui à l’Élysée, il ne tentera donc pas de s’exprimer sur le moindre sujet, ne sera pas en première ligne sur tous les thèmes comme ont pu l’être Nicolas Sarkozy et François Hollande.
- Un homme très entouré
Avec qui Emmanuel Macron entendrait-il gouverner ? Alors que la question de la majorité parlementaire d’un candidat sans gros parti politique derrière inquiète beaucoup les journalistes, lui affiche une sérénité déconcertante. “Les Français sont cohérents, ils nous donneront une majorité pour légiférer” en cas de victoire, a rappelé le fondateur d’En Marche! à plusieurs reprises.
Au-delà de la majorité parlementaire, le candidat a promis de nouvelles têtes dans un gouvernement resserré de 15 membres. En faisant une exception pour Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de François Hollande, qui serait certainement amené à jouer un rôle important. La parité sera de mise -autant que faire se peut avec un chiffre impair évidemment- et l’ancien patron de Bercy envisage de nommer une femme à Matignon. Pour le reste, difficile de savoir, d’autant qu’Emmanuel Macron a promis de nommer des experts plutôt que des politiques, comme par exemple “un médecin à la Santé”.
Dans son entourage proche, il est fort à parier qu’on retrouve les fidèles de la première heure, à l’instar d’Ismaël Emelien, son conseiller spécial à Bercy parti s’occuper d’En Marche! dès la création du mouvement il y a un peu plus d’un an. Et, bien sûr, sa femme Brigitte Trogneux-Macron, très active pendant la campagne. “Elle aura le rôle qu’elle a toujours eu”, a confié Emmanuel Macron. “C’est-à-dire qu’elle m’a toujours accompagné, parce que c’est mon équilibre de vie, c’est comme cela que nous fonctionnons.”
- Un premier été très chargé
Les candidats à la présidentielle ont toujours d’innombrables priorités. Parmi celles d’Emmanuel Macron figure la moralisation de la vie publique. Lui président, il souhaite que son gouvernement prépare un projet de loi sur la question avant même les législatives des 11 et 18 juin, afin de lutter, entre autres, contre le népotisme et les activités de conseil chez les députés et les sénateurs. Avant la fin de l’année, le leader d’En Marche! a également promis des réformes institutionnelles, dont l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives et la réduction d’un tiers du nombre de parlementaires.
Ses premiers jours au pouvoir seraient également l’occasion de réaliser un “audit des finances publiques” afin de faire le point sur la situation. En revanche, pas de projet de loi de finances rectificatives, a-t-il promis. Il faudra donc attendre l’automne pour un texte qui contienne les premières mesures budgétaires du nouveau président, comme la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers ou de grandes mesures d’économies.
En revanche, ses dispositions pour l’emploi, et notamment la simplification du droit du travail, interviendraient dès l’été, qui promettrait donc de ne pas être de tout repos pour le nouveau gouvernement. Emmanuel Macron souhaite en outre procéder par ordonnance pour être “rapide et efficace”.