Il n'y a pas eu d'échauffement pour ce débat de l'entre-deux-tours. Dès les premières minutes, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont livrés à des attaques d'une violence rare dans un débat présidentiel devenu un véritable combat. "Marine Le Pen a démarré à la sulfateuse", analyse Robert Namias, grande voix d'Europe 1. Pendant deux heures, la candidate frontiste n'a pas lâché son adversaire, tour à tour dépeint en "héritier de François Hollande" et soutien du fondamentalisme islamiste en raison de sa proximité supposée avec l'UOIF.
"Macron n'a pas été bouffé"... Mais la stratégie de Marine Le Pen, très offensive, n'a pas vraiment marché, selon les spécialistes d'Europe 1. "Elle n'a pas réussi à le déstabiliser", estime Aurélie Marcireau, rédactrice en chef du Lab. "Il n'a pas été bouffé", abonde Michèle Cotta, grande voix d'Europe 1 qui a animé deux débats présidentiels. Au contraire, son agressivité l'a plutôt desservie, analyse Antonin André, rédacteur en chef du service politique : "Elle n'est pas parvenue à sortir du ton très violent et parfois caricatural qui est le sien." "Pour les gens qui hésitaient, Marine Le Pen a dû perdre des points", estime quant à elle Aurélie Marcireau.
...mais il est rentré dans le piège de la violence. Face à elle, attaqué de toutes parts, Emmanuel Macron n'a pas fait qu'encaisser des coups. Il en a aussi lâché beaucoup, reprochant systématiquement à sa concurrente de ne proférer que des "mensonges", des "bêtises". "Il est un peu rentré dans le piège de la violence et de la petite phrase", explique Antonin André, pour qui le leader d'En Marche ! a réussi "à faire passer des éléments de cohérence de son programme économique".
L'attente d'un "président qui apaise". Que fallait-il donc faire pour s'en sortir ? "Le ton très offensif de Marine Le Pen tranche avec ce qu'on attend d'un débat : un président qui apaise", juge Antonin André. Sur ce point, l'ancien ministre de l'Economie semble avoir pris l'ascendant, pour le journaliste Serge July : "Je pense qu'Emmanuel Macron a gagné car il a tenté d'être président et de développer un projet."
"Le débat ne donne pas envie aux gens d'aller voter". Reste qu'au bout de plus de deux heures d'échanges pour le moins musclés, la clarté des idées proposées ne l'emporte pas. "C'était un débat brouillon, violent, qui ne donne pas aux gens l'envie d'aller voter", affirme Antonin André. Pour Robert Namias, grande voix d'Europe 1, le constat est plus clair encore : "C'est l'un des plus mauvais débats de l'Histoire."