Patrick Devedjian, sarkozyste de la première heure et esprit libre

L’homme politique de 75 ans fut ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. © AFP
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avec AFP , modifié à

Patrick Devedjian, Président du département des Hauts-de-Seine, est mort dans la nuit de samedi 28 à dimanche 29 mars, du Covid-19. L’homme politique de 75 ans, avocat de profession, fut ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, mais aussi premier secrétaire de l'UMP. Retour sur son parcours politique.

Diagnostiqué positif au coronavirus, l'homme politique de 75 ans avait été placé en observation, mercredi, dans un hôpital des Hauts-de-Seine. Jeudi, Patrick Devedjian avait indiqué dans un tweet être "touché par l'épidémie, donc à même de témoigner directement du travail exceptionnel des médecins et de tous les personnels soignants". L'ancien ministre, marié et père de quatre enfants, est finalement décédé dans la nuit de samedi à dimanche

Fils de réfugié arménien, anticommuniste résolu

Né le 26 août 1944 à Fontainebleau, en Seine-et-Marne, Patrick Devedjian est le fils d'un réfugié arménien arrivé en France en 1919. Anticommuniste résolu, il a milité à Occident (extrême droite) entre 1963 et 1966. "Je ne me suis jamais caché de mon passé", expliquait-il en 2005 au Monde. "J'étais d'origine arménienne et c'était aussi une façon, pour moi, de me sentir français".

Avocat de profession - il défendra notamment Jacques Chirac et Charles Pasqua - Patrick Devedjian a occupé de nombreuses fonctions politiques. Il a commencé sa carrière en devant Maire d'Antony, sous l’étiquette du Rassemblement Pour la République (RPR). Une fonction qu’il conserve pendant 19 ans, de 1983 à 2002. Il se consacre alors à la modernisation de cette ville - où il habitera jusqu'à sa mort. 

Le "premier sarkozyste" d'un gouvernement chiraquien

En plus de son mandat de maire, Patrick Devedjian fut, de 1986 à 2017, député de la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine. Il présidait le département jusqu’à aujourd’hui. Il fut également porte-parole du RPR, de 1999 à 2001 et occupa plusieurs fonctions gouvernementales sous les quinquennats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.

"Je suis le premier sarkozyste du gouvernement": ainsi se décrivait-il lorsqu'il était ministre délégué à l'Industrie, en 2005 dans le très chiraquien gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Pourtant, après avoir été évincé du gouvernement en mai 2005, ce libéral essuie une autre déception: avec l'accession de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, il ne fait pas partie du gouvernement Fillon, ouvert aux centristes et à la gauche.

Nettoyer les "écruies d'Augias" des Hauts-de-Seine

Cet avocat rêvait du ministère de la Justice, qui lui avait déjà échappé en 2002, lorsqu'il avait été nommé ministre délégué aux Libertés locales. "Je suis pour aller très loin dans l'ouverture, très loin, y compris jusqu'aux sarkozystes", ironisait-il mi-mai 2007. Il entre au gouvernement Fillon un an plus tard pour s'occuper du plan de relance lancé en réponse à la crise financière.

En septembre 2007, il est élu secrétaire général de l'UMP, une tâche difficile alors que Nicolas Sarkozy garde en coulisses la haute main sur le parti. Cet esprit indépendant déclare l'année suivante vouloir nettoyer "les écuries d'Augias" des Hauts-de-Seine, département à la réputation sulfureuse dont il a pris la tête en juin 2007 en remplacement de Nicolas Sarkozy, et où il se voit reprocher dans sa majorité une gestion autoritaire.

De nombreux hommages de la classe politique

Émus par l’annonce de son décès, les personnalités politiques sont nombreuses, dimanche, à rendre hommage à cet homme, disparu prématurément. "Grande tristesse d'apprendre la mort de Patrick Devedjian. Homme courageux et totalement dévoue à sa ville d’Antony et aux Hauts-de-Seine", commente le président du Sénat Gérard Larcher sur Twitter. 

La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, se dit elle "bouleversée" par la nouvelle. "Patrick Devedjian était une personnalité exceptionnelle par sa personnalité, ses convictions et son immense culture. Il a marqué de son empreinte à la fois son département des Hauts-de-Seine et le pays.", twitte-t-elle.

 La maire de Paris Anne Hidalgo a, elle aussi réagi : "C’est une immense tristesse, j’adresse toutes mes condoléances à son épouse et à sa famille. Je pense à nos amis Arméniens qui perdent aujourd’hui un de leurs frères."

Le président de LR Christian Jacob a dit a l'AFP sa "grande tristesse" et "beaucoup d'émotion" : "C'était un grand serviteur de la France, qui a exercé plusieurs postes de ministres, un grand serviteur de son département des Hauts-de-Seine également et de sa ville d'Antony. Patrick Devedjian était une figure marquante et une personnalité de notre famille politique et je pense à sa famille et à ses proches".