Il n’y a pour l’heure qu’une personne qui connaît le nom du futur Premier ministre. Cette personne, c’est Emmanuel Macron, le futur président de la République, largement élu dimanche soir face à Marine Le Pen. Le successeur de François Hollande n’annoncera qu’après la passation de pouvoir, dimanche, le nom du futur locataire de Matignon. Même l’intéressé, aux dires du fondateur d’En Marche ! n’est pas au courant.
Les critères définis par le futur chef de l’Etat laissent un large champ des possibles : "compétence et capacité à diriger une équipe gouvernementale et une nouvelle majorité", donc plutôt un "politique" qu'un "société civile", a-t-il dit à plusieurs reprises. Du coup, plusieurs noms circulent, à gauche comme à droite. Et c’est précisément chez les Républicains que l’attente pourrait s’avérer la plus longue.
- Du rififi à droite
Car parmi les options qui s’offrent à Emmanuel Macron dans les profils du potentiel chef du gouvernement, il y a celle, fort tentante, d’une prise de guerre à droite. Cela aurait l’avantage de semer le trouble chez Les Républicains avant les législatives, alors que le parti de droite constitue le principal obstacle au nouveau président dans la perspective de réunir une majorité présidentielle à l’Assemblée. L’hypothèse n’est en tout cas clairement pas écartée. Nous voulons rassembler par-delà les clivages traditionnels. Par conséquent il y a en notre sein des gens qui viennent de la gauche, du centre et de la droite. C'est à Macron de dire quel est le profil de la personnalité qui sera la plus apte à atteindre ces objectifs", a affirmé Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche !, lundi matin sur Europe 1.
Et d’ailleurs, le message a clairement été entendu par certaines personnalités des Républicains. Le nom de Xavier Bertrand a ainsi circulé avec insistance, même si le président de la région Hauts-de-France a semblé refermer la porte ces derniers jours. Mais le plus motivé - ou ambitieux, cela dépend du point de vue -, reste Bruno Le Maire. L’ancien ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy a envoyé dès dimanche soir des tweets qui avaient toutes les allures d’offres de service. Bravache, il a même mis en garde le futur président : "Emmanuel Macron doit (...) dans les jours qui viennent, impérativement tendre la main vers ces millions d'électeurs de la droite et du centre qui n'ont pas été représentés au second tour", a-t-il déclaré sur RTL.
.@TF1@EmmanuelMacron Mettons de côté nos querelles partisanes pour faire de ce quinquennat un quinquennat utile pour la France ! #Présidentielle2017
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 7 mai 2017
.@TF1 Je souhaite que nous mettions de côté les querelles politiciennes, que l'on se retrousse les manches et que la France réussisse.
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 7 mai 2017
Bruno Le Maire s’est également dit prêt à participer à une éventuelle majorité présidentielle autour d’Emmanuel Macron. Dessinant ce faisant un nouveau schisme dans le grand parti de droite. Il y avait eu entre les deux tours ceux qui voteraient pour Macron et les autres, il pourrait désormais y a voir ceux qui sont prêts à travailler avec le nouveau président, et les autres.
Plusieurs réactions virulentes ont montré que du côté des leaders LR, on ferait tout pour limiter l’hémorragie. François Baroin a ainsi menacé d’exclusion ceux qui seraient tentés pour un débauchage. Et en la matière, Bruno Le Maire risque d’avoir valeur d’exemple. "On acte le fait qu'il a quitté la famille", a ainsi affirmé Florence Portelli, ex-porte-parole de François Fillon, sur Europe 1. Avant de grincer : "On a notre Kouchner de droite, c'est très bien pour lui." Nathalie Kosciusko-Morizet est tout aussi catégorique quant à une collaboration avec Emmanuel Macron : c'est "non": "je ne suis pas Bruno Le Maire", a-t-elle lancé au JDD. Ambiance…
- Les autres options
Il est cela dit loin d’être acquis que le futur Premier ministre viendra de la droite. Il pourrait tout aussi bien être un fidèle. Le nom de Richard Ferrand est régulièrement évoqué, mais le secrétaire général d’En Marche pourrait payer son inexpérience gouvernementale, lui qui n’a jamais été ministre. Anne-Marie Idrac, deux fois secrétaires d’Etat, ralliée venue du centre droit, est une autre prétendante crédible. Jean-Yves Le Drian, le respecté ministre de la Défense sortant, qui a rapidement soutenu Emmanuel Macron, est une autre option.
Emmanuel Macron pourrait enfin choisir une figure centriste. En ralliant Emmanuel Macron et en renonçant à sa propre candidature, François Bayrou peut se targuer d'avoir donné un sacré coup de pouce au président élu. Côté renouvellement en revanche, le présidnet MoDem ne coche pas la case, lui qui a 66 ans et était déjà ministre en… 1993. Mêmes avantages et mêmes défauts pour un autre poids lourd centriste : l'UDI Jean-Louis Borloo, ministre sous Sarkozy et qui, à 66 ans, s'est dit prêt à se "retrousser les manches". Côté centriste toujours, Sylvie Goulard, eurodéputée UDI-MoDem, fait partie des recours. Mais elle non plus, comme Richard Ferrand, n’a jamais été ministre. Pour Emmanuel Macron, le casting est compliqué. Tout comme le sont les pronostics.