A la tête des listes qui ont remporté le second tour des régionales, dimanche 13 décembre, trois femmes et dix hommes s'apprêtent à investir les conseils régionaux de la nouvelle organisation territoriale. Petit tour d'horizon.
Christian Estrosi en Paca
Sa victoire : Le Républicain a pris la tête de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur avec 54,78 % des voix, près de dix points devant la liste frontiste de Marion Maréchal-Le Pen. Distancé au premier tour, le maire de Nice a bénéficié au second du retrait du candidat socialiste, Christophe Castaner, arrivé troisième.
Son parcours : Originaire d’une modeste famille niçoise, petit-fils d’immigrés italiens, Christian Estrosi a remporté sa première victoire politique en 1988, lorsqu’il est élu député des Alpes-Maritimes. Depuis, il a également été président du conseil général du même département, a occupé trois ministères dans deux gouvernements de droite différents entre 2005 et 2009 et conquis la mairie de Nice en 2008.
Signes distinctifs : Côté politique, c’est le monsieur sécurité des Républicains, connu pour son amour de la vidéosurveillance et les effectifs fournis de sa police municipale, mais aussi ses sorties décomplexées sur l’islamisme et la délinquance. Côté privé, ce self-made man n’a jamais décroché le bac et a été quadruple champion de France de moto. Il y a gagné un surnom, le "Motodidacte", qu'il n'apprécie guère.
Jean-Yves Le Drian en Bretagne
Sa victoire : Avec 51,4% des suffrages au second tour, le socialiste a permis à la gauche de conserver la Bretagne et lui a donné son meilleur score de ces régionales. Dans le cadre d'une triangulaire, excusez du peu.
Son parcours : Issu d’une famille ouvrière de Lorient, il a été maire de cette commune de 1981 à 1998, député du Morbihan à partir de 1986 puis président du conseil régional de Bretagne entre 2004 et 2012. A son arrivée à l’Elysée, François Hollande, dont il est très proche, l’a nommé à la Défense.
Signes distinctifs :Surnommé "Doudou" au gouvernement, le VRP du Rafale a repris le conseil régional breton à sa manière : sans prendre la peine de faire campagne ni d’inscrire plus de trois écologistes sur sa liste au deuxième tour, et en assumant totalement le cumul de son mandat local et de ses fonctions de ministre de la Défense.
Bruno Retailleau en Pays de la Loire
Sa victoire : Le président du groupe LR au Sénat a remporté le second tour des régionales en Pays de la Loire avec 42,7% des suffrages, devant le socialiste Christophe Clergeau, à 37,56%. Avec lui, la région, qui avait basculé à gauche en 2004, est donc revenue dans le giron de la droite.
Son parcours : Né en Vendée, diplômé de Sciences Po Paris, Bruno Retailleau est un disciple de Philippe de Villiers, avec lequel il a rompu en 2010, lorsqu’il a accédé à la présidence du conseil général de la Vendée à sa place. Sénateur depuis 2004, Bruno Retailleau est a pris la tête du groupe UMP (aujourd'hui Les Républicains) au Palais du Luxembourg dix ans plus tard.
Signes distinctifs : Ce fils de maire, qui élève oies, chevaux et vaches en Vendée où il vit toujours, s’est fait remarquer par Philippe de Villiers à l’âge de 16 ans, alors qu’il participait comme cavalier bénévole au spectacle du Puy-du-Fou.
Carole Delga en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées
Sa victoire : La socialiste s’est emparée de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées avec 44,81% des suffrages exprimés, devançant le frontiste Louis Aliot qui en a obtenu 33,87%. Arrivée derrière le candidat FN au premier tour, Carole Delga avait fusionné avec la liste écologiste.
Son parcours : Fille d’une famille toulousaine modeste, cette fonctionnaire territoriale n’a adhéré au Parti socialiste qu’en 2004. Son entrée en politique se fait avec la conquête de la mairie de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) quatre ans plus tard. Egalement députée de Haute-Garonne depuis 2012, elle a été nommée secrétaire d’Etat au Commerce en 2014, avant de quitter son poste pour se consacrer à sa campagne régionale.
Signes distinctifs : Carole Delga est une habituée des élections éclairs. Sa première victoire, en 2008 à Martres-Tolosane, s’est faite dès le premier tour, une performance renouvelée en 2014. De même, lorsqu’elle a été investie en 2012 pour devenir députée de Haute-Garonne, elle a raflé la majorité absolue en un seul scrutin.
Gilles Simeoni en Corse
Sa victoire : A la tête d’une liste nationaliste, issue de la fusion au second tour des autonomistes et des indépendantistes, Gilles Simeoni a remporté les régionales en Corse avec 35,5% des voix. Il a battu la gauche de Paul Giabicobbi (28,76%) et la droite de José Rossi (26,69%).
Son parcours : Ce juriste de formation, avocat, a débuté en politique dans les syndicats étudiants avant de se tourner, en 2007, vers des législatives qu’il a perdues. L’année suivante, il est entré dans l’opposition du conseil municipal de Bastia, avant de devenir, en 2014, le premier maire nationaliste de la ville.
Ses signes distinctifs : Gilles Simeoni a été l’avocat d’Yvan Colonna dans le procès de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Grand supporter du club de foot de sa ville, le nationaliste milite activement sur son site personnel pour la sacralisation de la date du 5 mai (en mémoire de la catastrophe de Furiani, les équipes de football corses désirent interdire tous les matches à cette date) et contre "le traitement inéquitable dont fait systématiquement l’objet le SC de Bastia de la part de la Ligue professionnelle de Football".
Laurent Wauquiez en Rhône-Alpes-Auvergne
Sa victoire : Le maire du Puy-en-Velay est arrivé en tête du second tour des régionales en Rhône-Alpes-Auvergne avec 40,61% des suffrages, battant le président socialiste sortant de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne (36,84%).
Son parcours : Ancien élève de l’ENS, agrégé d’histoire et diplômé de l’ENA, Laurent Wauquiez est élu député de Haute-Loire en 2004 en remplacement de son mentor, Jacques Barrot, parti à la Commission européenne. Secrétaire national de l’UMP à partir de 2005, il est nommé secrétaire d’Etat et porte-parole du second gouvernement Fillon deux ans plus tard.
Signes distinctifs : Incarnation de la ligne droitière au sein des Républicains, Laurent Wauquiez n’a de cesse de pourfendre l’assistanat, l’immigration et Bruxelles. Il est également le spécialiste des idées explosives, comme le placement des personnes susceptibles de commettre des actes terroristes dans des centres de rétention, et des textos nocturnes rageurs. La députée européenne Françoise Grossetête, qui s'est vu promettre une "balle perdue", pourra en témoigner.
Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté
Sa victoire : Ce n’est que tard dans la nuit de dimanche 13 décembre que la socialiste a pu revendiquer sa victoire, tant les résultats ont été serrés. Marie-Guite Dufay a finalement réussi à conserver la présidence de la Bourgogne-Franche-Comté avec 34,68% des suffrages, à un cheveu du centriste François Sauvadet (32,89%) et de la frontiste Sophie Montel (32,44%).
Son parcours : Née à Paris, cette diplômée de Sciences Po Paris s’installe à Besançon en 1971. Elle y sera élue pour la première fois conseillère municipale dix-huit ans plus tard. Battue par l’UMP aux législatives de 2006, elle a obtenu un poste de conseillère régionale en 2004. En obtenant la présidence du conseil régional en 2008, elle devient la seule femme à occuper un tel poste en France.
Signes distinctifs : De son vrai prénom Marie-Marguerite, la socialiste, ancienne cadre de l’ANPE, compte parmi ses passions l’emploi et le ski de fond. Ce qui se traduit par la volonté de mettre en place un dispositif de formation professionnelle pour les salariés au chômage partiel, et le fait qu’elle avale tous les ans les 25 kilomètres de la Transjurassienne, une course organisée dans le Jura et le Doubs.
Xavier Bertrand dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie
Sa victoire : Après un premier tour très difficile, à l’issue duquel il avait fini plus de 15 points derrière la présidente du Front national, Marine Le Pen, Xavier Bertrand a remporté les régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie avec 57,7% des voix, profitant du retrait du candidat socialiste entre les deux tours.
Son parcours : Natif de la Marne, Xavier Bertrand est devenu conseiller municipal de Saint-Quentin en 1989, puis maire de la ville en 2010. Celui qui a été élu conseiller général de l’Aisne en 1998 est devenu député du département en 2002. Ancien secrétaire général de l’UMP, il a également été ministre du Travail sous Nicolas Sarkozy, entre 2010 et 2012.
Signes distinctifs : Cet ancien agent d’assurance s’est caractérisé pendant sa campagne, et notamment l’entre-deux tours, par son franc-parler et sa distance vis-à-vis des directions de partis. "Les consignes d’état-major, je m’en fous royalement", avait-il ainsi déclaré à un journaliste de La Voix du Nord au lendemain du premier tour. Avant d’appeler vigoureusement, au micro d’Europe 1, les leaders de la droite à "se taire".
Philippe Richert en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine
Sa victoire : Le président LR sortant du conseil régional alsacien a réussi à barrer la route au frontiste Florian Philippot, avec 48,4% des voix contre 36,08%. Les deux hommes se sont affrontés lors d’une triangulaire puisque le socialiste Jean-Pierre Masseret, arrivé troisième au premier tour, avait refusé de retirer sa candidature.
Son parcours : Né dans une famille d’ouvrier, Philippe Richert a fait ses débuts en politique lors des cantonales de 1982 dans le Bas-Rhin. Il roule alors pour un petit parti centriste. Ce professeur de sciences naturelles est ensuite devenu le plus jeune sénateur métropolitain dix ans plus tard, à l’âge de 39 ans, pour l’UDF, avant d’adhérer à l’UMP à sa création, en 2002.
Signes distinctifs : Philippe Richert s’est engagé pour la préservation du patrimoine, et pas seulement français. C’est lui qui a été rapporteur au Sénat de deux propositions de loi visant à rendre à la Nouvelle-Zélande la Vénus Hottentote et les têtes maories conservées dans des musées français.
Alain Rousset en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
Sa victoire : Le président socialiste sortant du conseil régional aquitain a réussi à conserver sa nouvelle région avec 44,27% des suffrages, devant la candidate de droite Virginie Calmels (34,06%).
Son parcours : Né à Lyon, c’est en Gironde qu’Alain Rousset a obtenu son premier mandat électif, en tant que conseiller général, en 1988. L’année suivante, il a été élu maire de Pessac, une commune de la banlieue bordelaise. Il s’est emparé du conseil régional d’Aquitaine en 1998 et ne l’a jamais perdu depuis.
Signes distinctifs : Perpétuellement en retard selon ses proches, ses collègues et lui-même, Alain Rousset est un grand fan de Jacques Brel, de Clint Eastwood et d’économie. C’est sur ce terrain qu’il s’est fait remarquer en Aquitaine, en étant proche des industriels et en mettant les TPE et les PME au cœur de son programme.
Valérie Pécresse en Île-de-France
Sa victoire : L’ancienne conseillère de Jacques Chirac a coiffé au poteau son rival socialiste, Claude Bartolone, avec seulement 60 000 voix de différence (43,8% contre 42,18%). La fin de dix-sept ans d’hégémonie de gauche sur la région francilienne.
Son parcours : Née à Neuilly-sur-Seine, Valérie Pécresse est entrée au Conseil d’Etat après des études à HEC puis à l’ENA. Elle a rejoint l’équipe de Jacques Chirac en 1997, avant d’être élue députée en 2002 sous l’étiquette UMP. Secrétaire générale adjointe du parti de droite, elle est nommée au ministère de l’Enseignement Supérieur en 2007, lorsque Nicolas Sarkozy accède au pouvoir.
Signes distinctifs : La légende veut que son père lui a appris l’alphabet alors qu’elle n’avait que 14 mois, qu’elle savait lire à 4 ans et qu’elle a passé, dans sa jeunesse, deux étés dans un camp de vacances soviétique grâce à une amie communiste de son père. Mais ses meilleurs souvenirs de vacances, qu’elle a racontés à Paris Match, sont en Corrèze, où elle prépare des clafoutis aux poires et s’adonne à la pêche à la mouche. Passionnant…
François Bonneau en Centre-Val de Loire
Sa victoire : Jusqu’au bout, son propre camp n’y a pas cru. Mais le socialiste a finalement conservé la région Centre-Val de Loire en arrivant à un cheveu de Philippe Vigier (LR), par 35,5% des voix contre 34,3%.
Son parcours : Né dans le Loiret, adhérent du Parti socialiste à 22 ans, François Bonneau a commencé sa carrière politique au conseil municipal de Montargis. Vice-président de région à partir de 2004, il a pris la présidence du département du Centre en 2004, profitant de la démission de son mentor Michel Sapin, avant d’être réélu en 2010.
Ses signes distinctifs : Ancien marathonien, ce titulaire d’un DEA de Lettres modernes a été enseignant de français, puis principal pendant 9 ans d’un collège situé en Zone d’éducation prioritaire.
Hervé Morin en Normandie
Sa victoire : Arrivé en tête du premier tour en Normandie, Hervé Morin a remporté de justesse le second, récoltant 36,43% des voix contre 36,08% pour la liste de gauche de Nicolas Mayer-Rossignol. Il est le seul centriste à l’avoir emporté lors de ce scrutin.
Son parcours : Né dans l’Eure au sein d’une famille d’agriculteurs, Hervé Morin a été diplômé de l’IEP de Paris avant d’entrer à l’Assemblée nationale comme administrateur de service. D’abord conseiller municipal d’Epaignes, dans son département d’origine, en 1989, il a ensuite été élu au conseil général en 1992. Député à partir de 1998, il a pris la présidence du groupe UDF à l’Assemblée. En 2007, il est nommé ministre de la Défense du gouvernement Fillon.
Ses signes distinctifs : Les câbles diplomatiques rendus publics par Wikileaks ont révélé que les diplomates américains considéraient Hervé Morin comme l’un des "plus atlantistes des députés" français. Ce passionné de chevaux n’en est pas à son coup d’essai en Normandie, puisqu’il y aurait "vu le débarquement des alliés", comme il l’avait affirmé lors d’un discours en 2012. Difficile cependant, le centriste étant né dix-sept ans après les événements.