Qui sont les soutiens d'Arnaud Montebourg ?

© PHILIPPE DESMAZES / AFP
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Margaux Baralon
EN MARCHE -

L'ancien ministre de l'Économie a effectué lundi sa traditionnelle ascension du Mont Beuvray. L'occasion de compter ses troupes avant une potentielle candidature en 2017.

Ne comptez pas sur lui pour mettre clairement ses ambitions présidentielles sur la table. Mais Arnaud Montebourg, en gravissant lundi le Mont Beuvray, comme il le fait depuis 2004 chaque lundi de Pentecôte, a tout de même fait quelques pas vers 2017. Devant 200 personnes, journalistes inclus, l'ancien ministre de l'Économie, débarqué du gouvernement à la fin de l'été 2014, a lancé un "appel" pour "construire un grand projet alternatif" pour la France dans les mois à venir.

Si cette "entrée dans l'atmosphère politique", comme l'a qualifiée le conseiller régional socialiste François Kalfon, n'a pas réservé de grande surprise, elle a en revanche permis à Arnaud Montebourg de passer ses troupes en revue.

Quelques fidèles lieutenants. Celui qui s'est mis en retrait de la vie politique après son départ du gouvernement pour rejoindre le privé (et plus particulièrement le conseil de surveillance d'Habitat) était entouré d'un petit comité de fidèles. Parmi eux, Aurélie Filippetti, députée de Moselle qui est également sa compagne, et Philippe Baumel, député de Saône-et-Loire et ami de longue date. Patrice Prat, député du Gard et relais d'Arnaud Montebourg à l'Assemblée nationale, était également de la partie après avoir appelé, depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux, à participer à l'ascension du Mont Beuvray avec son champion. À ces deux fidèles lieutenants s'ajoutait François Kalfon, ex-strauss-kahnien converti au "montebourisme".

Des frondeurs attentistes. Arnaud Montebourg a également pu compter sur la présence des chefs de file des frondeurs, Christian Paul et Laurent Baumel. L'ancien ministre de l'Économie pourrait-il s'imposer comme le candidat de ces socialistes déçus du hollandisme ? Pour le moment, la présence des frondeurs s'apparente plus à de l'intérêt qu'à une indéfectible loyauté. Pour Laurent Baumel, Arnaud Montebourg "incarne cette idée d'une gauche qui cherche une autre voie que celle qu'on voit aujourd'hui". "Je crois qu'on a besoin qu'une alternative de ce type soit présente dans le débat public", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1 la semaine dernière.

Quant à Christian Paul, il a certes mis en avant ses points communs avec l'ancien ministre du Redressement productif, notamment en matière de réorientation de la politique économique, lors de son intervention au Mont Beuvray. Mais le frondeur, qui fut pendant de très longues années très proche d'Arnaud Montebourg, n'a pas pour autant fait allégeance à l'ancien chantre du Made in France, l'appelant même à ne pas griller les étapes. "Un projet politique se construit avec patience. Chaque destin, cher Arnaud, se construit patiemment", a-t-il glissé. Selon Le Point, les frondeurs devraient collectivement décider d'ici au mois de septembre si, oui ou non, ils se rangeront derrière Arnaud Montebourg.

Il ne fait pas l'unanimité à gauche. Les soutiens de celui qui n'a, aujourd'hui, plus aucun mandat électif, se comptent donc encore sur les doigts d'une main. De fait, Arnaud Montebourg ne fait pas l'unanimité au sein de l'aile gauche du PS, qu'il entend pourtant représenter. Pour certains, il est celui qui a contribué à l'arrivée de Manuel Valls à Matignon en 2014, dans l'optique de se débarrasser d'un Jean-Marc Ayrault qu'il n'appréciait guère. Les proches de Martine Aubry, eux, n'ont pas oublié que le troisième homme de la primaire de 2011 a préféré se ranger derrière François Hollande plutôt que de soutenir la maire de Lille. Leur enthousiasme à l'idée d'une candidature d'Arnaud Montebourg est donc limité. "On parle beaucoup [de lui] en ce moment", a noté Jean-Marc Germain jeudi sur BFM TV. "Il y en a d'autres. On verra."

De plus, d'autres personnalités, comme Gérard Filoche, Marie-Noëlle Lienemann ou Benoît Hamon, candidats déclarés ou en passe de l'être à une primaire de la gauche, se placent sur le même créneau qu'Arnaud Montebourg.

Élargir son cercle. S'il veut s'imposer comme une alternative crédible, Arnaud Montebourg a donc tout intérêt à élargir son cercle de fidèle. Et ce d'autant plus que sa côte de popularité montre encore des signes de faiblesse. Selon le dernier sondage TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, paru au début du mois, 15% des Français souhaitent que l'ancien ministre joue "un rôle important au cours des mois et des années à venir". En baisse de 4 points. Attirer de nouveaux soutiens sera également crucial si aucune primaire à gauche n'est organisée et qu'Arnaud Montebourg choisit de se présenter quand même, en marge du PS. Il avancerait alors dans un couloir étroit, entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, et toute aide sera bonne à prendre.