Lors de sa première interview en tant que locataire de Matignon, vendredi soir, Michel Barnier s'est dit ouvert au dialogue et déterminé sur certains dossiers. Il faisait notamment référence aux personnalités du Nouveau Front populaire, la coalition de gauche arrivée en tête des élections législatives et qui demande l'abrogation de la réforme des retraites. Mais d'autres forces politiques, notamment le Rassemblement national, ont également entendu le message.
Avec 143 députés à l'Assemblée nationale, ils comptent bien faire pencher la balance politique en leur faveur. Preuve en est : Jordan Bardella, en déplacement à la foire de Chalons-en-Champagne, a exigé samedi de Michel Barnier que "les sujets du Rassemblement national" soient pris en compte par le futur gouvernement, estimant que le nouveau Premier ministre était "sous surveillance".
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Sous surveillance
"Les députés sont là pour contrôler l'action du gouvernement. Et bien, c'est très exactement ce que feront les 143 députés du groupe à l'Assemblée nationale. Projet par projet, on proposera soit des propositions de loi, soit des amendements, et on verra si Monsieur Barnier est aussi ouvert qu'il ne le dit", acquiesce Louis Aliot, maire RN de Perpignan et vice-président du parti ce dimanche sur Europe 1.
"Parce que c'est à cela qu'on le juge de l'ouverture et du pluralisme développé, en tout cas dans le discours par Monsieur Barnier. On se souvient durant les deux premières mandatures de Monsieur Macron, sous Édouard Philippe comme sous Monsieur Attal, qu'aucun amendement proposé par le groupe du RN n'a été adopté en séance, tout simplement par sectarisme et écarté a priori parce qu'il venait du RN", reproche-t-il au micro de Lénaïg Monier.
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Une voix qui "compte"
"Aujourd'hui, dans cette configuration, on va voir si Monsieur Barnier et ses soutiens sont capables d'ouverture d'esprit et de prendre les bonnes idées partout où elles sont", conclut Louis Aliot.
Pourtant, lors de son interview sur TF1, le nouveau locataire de Matignon a semblé plutôt clair sur la question : "Je n'ai pas grand-chose de commun avec les thèses et idéologies du Rassemblement national", a-t-il défendu, même si pour lui la voix des "11 millions" d'électeurs du RN "compte". Une entente sur certains projets est-elle alors réellement possible ? Pour le moment sans gouvernement, Michel Barnier reste évasif.