Depuis le début de la semaine, l’exécutif tâtonne. Lundi on nous expliquait que la situation face à l'épidémie de Covid-19 n’était plus tenable et qu’il n’était pas possible d’échapper à un confinement territorialisé. Mardi, plusieurs ministres nous assurent que tout se passe comme prévu et que le président savait que ces semaines seraient difficiles. Et donc il ne faut pas changer de cap, d’autant qu’une livraison record de trois millions de doses de vaccins est en train d’arriver. Mais dans la soirée, l’ambiance a encore changé : Emmanuel Macron et Jean Castex se sont vus à l’Elysée pour ajuster leurs positions.
En effet, les indicateurs de l'épidémie ne permettent pas encore de déceler les premiers signes d'accalmie. Au contraire, mardi la France a dépassé les 5.000 malades admis en réanimation et le taux d'occupation de ces services a atteint 100% au niveau national et même 133% en Île-de-France. Par ailleurs, l'incidence, c'est à dire le nombre de cas positifs pour 100.000 habitants, continue d'augmenter au niveau national dans toutes les tranches d'âge, particulièrement entre 10 et 40 ans, ce qui fait que l'on compte aujourd'hui 62 départements avec un taux d'incidence supérieur au seuil d'alerte. C'est 20 de plus que la semaine dernière.
Trois options
Alors qu'un nouveau conseil de défense est prévu mercredi, plusieurs options s'offrent au président de la République. Première option : un simple ajustement des mesures actuelles, en faisant basculer quelques départements supplémentaires sous le régime du confinement. Deuxième option : avancer les vacances scolaires dans les trois régions les plus touchées par le virus. C'est-à-dire fermer les écoles. Enfin, troisième option : un confinement dur, pour donner un gros coup de frein aux brassages et interactions sociales.
Dans les territoires placés en semi-confinement depuis une dizaine de jours, l'absence d'apaisement laisse penser que le principe du "freiner sans enfermer" a atteint ses limites, et que face au variant anglais des mesures plus strictes s'imposent, comme un reconfinement général. L'Île-de-France, les Hauts de France et la région PACA continuent d'inquiéter tout particulièrement les autorités, car les services de réanimation y sont saturés, et le nombre d'hospitalisations devrait encore gonfler dans les semaines à venir. En Île-de-France, les réanimateurs s'attendent d'ailleurs à prendre en charge d'ici mi-avril davantage de patients que lors de la première vague.
Emmanuel Macron cherche une porte de sortie
Pourtant, Emmanuel Macron voudrait à tout prix éviter d'avoir à reconfiner aussi sévèrement qu'au printemps de l'année dernière. Entre cette option, l'élargissement à de nouveaux territoires des mesures déjà en vigueur dans 19 départements ou la fermeture des écoles, le chef de l'Etat est toujours à la recherche d’une autre voie, qu’il n’aurait pas encore trouvé à cette heure, selon plusieurs sources. Si finalement, le président n’avait d’autre choix que de décider d'un reconfinement de l'ensemble du pays, l’Elysée n’exclut pas qu’il prenne la parole pour expliquer son choix aux Français.