Un rituel immuable tous les cinq (autrefois sept) ans. Et pourtant. Toutes les élections présidentielles se suivent mais ne se ressemblent pas. Sur de nombreux plans, celle de 2017, qui a permis à Emmanuel Macron de l'emporter face à Marine Le Pen avec plus de 65% des suffrages, aura marqué une rupture avec les précédentes. La preuve en cinq points.
- Parce que les partis traditionnels ont été éliminés dès le premier tour
La vie politique française, caractérisée par son bipartisme écrasant, en aurait-elle fini avec la gauche socialiste et la droite républicaine ? Ni le candidat du PS, Benoît Hamon, ni celui des Républicains, François Fillon, n'ont passé la barre du premier tour. À la place, les Français ont préféré élire Emmanuel Macron, à la tête d'un mouvement auto-proclamé "ni de droite ni de gauche". Reste à voir si les partis traditionnels reprendront du poil de la bête aux législatives.
- Parce que le FN a battu des records
Plus de 7,64 millions de Français ont glissé un bulletin Marine Le Pen dans l'urne au premier tour, plus de 10 millions au second. Si cela n'a pas suffi à la candidate Front national pour arriver à l'Élysée, cela reste un record pour son parti. En 2012, Marine Le Pen avait obtenu 6,82 millions de voix. En 2002, son père recueillait 5,5 millions de suffrages au second tour. Le plafond de verre est toujours là, mais le Front national progresse indéniablement dans l'opinion.
- Parce que c'est le président le plus jeune
Côté vainqueur aussi, la présidentielle est inédite. À 39 ans, Emmanuel Macron devient le plus jeune président de la Ve République. Et même de l'histoire de France, puisque le seul à pouvoir concourir dans la catégorie est Louis-Napoléon Bonaparte, âgé de 40 ans lors de son élection en 1848 –et rapidement devenu empereur, mais c'est une autre histoire.
- Parce qu'Emmanuel Macron est un novice
Ça aussi, cela ne s'était jamais vu. Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République avec une expérience politique aussi brève. Jamais élu nulle part, sa carrière ministérielle se résume à deux années à Bercy. "Être député, c'est le cursus honorum d'un ancien temps", avait-il d'ailleurs déclaré en 2015, ce qui avait beaucoup agacé Manuel Valls.
- Parce qu'il y a eu les #MacronLeaks
Fait inédit dans une présidentielle, des documents piratés venant de l'équipe de l'un des deux candidats ont fuité sur Internet vendredi soir, vers 23h30. Les responsables d'En Marche! ont ainsi vu plusieurs documents et de nombreux e-mails dévoilés sur la place publique, alors même que la période de réserve observée à partir de vendredi soir minuit empêchait toute réponse politique. Relayés sur les réseaux sociaux, notamment par des comptes d'extrême-droite, y compris parfois par des élus du Front national, ces documents ne pouvaient pas être commentés par des médias eux-mêmes forcés d'observer cette période de réserve. Probablement diffusés pour semer la confusion à quelques heures du scrutin, il est pour l'heure impossible d'en évaluer l'impact sur le résultat.