La Nouvelle-Calédonie vote à nouveau pour son indépendance. Nous sommes en effet à J-4 avant le troisième et dernier référendum sur l’indépendance de l'archipel. Ce territoire français du Pacifique, à 17.000 km de la capitale, garantit à Paris un point stratégique en Indo-Pacifique et conditionne l'influence géopolitique française dans la zone. Mais le scrutin est observé bien au-delà, chez l'ambitieux voisin chinois.
"Construire des hôtels pour les Chinois"
"Dans l’hypothèse d’une accession à l’indépendance, l’ogre chinois ne ferait qu’une bouchée de la petite Nouvelle-Calédonie et de ses 270.000 habitants" : c'est l’alerte de Philippe Gomès, député centriste de la Nouvelle-Calédonie, qui se souvient de la visite en 2017 de l’ambassadeur de Chine en France pour un déplacement longue durée, une semaine sur l’archipel français juste avant le premier référendum sur l’indépendance.
Il raconte en effet que l’ambassadeur "était venu avec son épouse, mais également avec une kyrielle de conseillers divers et multiples. Il avait alors fait le tour du pays et rencontré les présidents de toutes les institutions. Le message était très simple. "Nous sommes là de manière totalement bienveillante pour vous aider. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, il ne faut pas hésiter à nous demander". L’ambassadeur chinois aurait ajouté qu’il pouvait envoyer 100, 200, 300 000 touristes sur les terres calédoniennes, aux paysages de carte postale. En ajoutant qu’"il va falloir construire des hôtels ici pour ces chinois. Avec des entreprises chinoises qui les construisent, et des employés chinois dedans", se souvient le député. Dans ces conditions, le projet n’a pas prospéré.
Un quart des réserves naturelles d'"Or vert"
Tant que la Nouvelle-Calédonie est dans le giron de la France, l’influence chinoise se fait plutôt discrète sur le territoire. Mais la République est le dernier rempart de l’expansion de l’Empire du milieu, alors qu’il s’accapare une à une les îles mélanésiennes alentours. "Papouasie Nouvelle-Guinée, Fidji, Salomon, Vanuatu : ce ne sont que des satellites chinois", détaille Bastien Vandendyck, analyste en relations internationales spécialiste du Pacifique.
"Il ne lui en manque qu’un seul pour terminer ce collier de perle : c’est la Nouvelle-Calédonie", poursuit-il. Une implantation sur l’archipel lui permettrait en effet d’avoir une présence géostratégique et militaire, derrière les lignes de pression américaines (Japon, Corée du Sud, Vietnam et Philippines), explique l’analyste.
Il aurait également une présence économique, dans un pays chargé de ressources. La Nouvelle-Calédonie possède un quart des réserves mondiales de Nickel. Ce minerai, surnommé "Or vert" est notamment recherché pour la fabrication de batteries électriques. La Chine est déjà le premier client des usines calédoniennes d’extraction minière.