Référendum en Nouvelle-Calédonie : Philippe trouve un "compromis" au bout de la nuit

Après un ultime round de négociations de sept heures à Matigon, un compromis a été trouvé avec les élus de Nouvelle-Calédonie © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à

Alors que la tension était montée ces dernières semaines dans le camp loyaliste, un compromis a été trouvé après plusieurs heures de négociations sur la formulation de la question posée lors du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

À près de sept mois du référendum sur l'indépendance, les élus de Nouvelle-Calédonie sont parvenus au terme d'une réunion marathon et au bout de la nuit à un "compromis" sur la formulation de la question qui sera posée le 4 novembre, une solution "proposée" par Édouard Philippe.

Une formulation "proposée" par Philippe. La question, a annoncé le Premier ministre lors d'une déclaration nocturne à la presse vers 1h30 du matin mercredi, sera la suivante : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?", avec un bulletin "oui" et un bulletin "non".

Ce choix, qu'Édouard Philippe a indiqué avoir "proposé" au terme de discussions "directes" et "franches", a été adopté après plus de quinze heures de réunion du 17ème comité des signataires de l'accord de Nouméa, dont une phase finale de plus de sept heures à Matignon.

Une question (relativement) consensuelle. La formulation, qui va être soumise au Conseil d'État en vue de l'examen du décret convoquant les électeurs, "a un sens politique profond : elle permet à chacune des forces politiques de se positionner clairement", a fait valoir le Premier ministre, au côté des élus calédoniens et de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.

En choisissant les deux termes de "pleine souveraineté" et d'"indépendance", le chef du gouvernement a en effet tenté de concilier les positions, avant la visite d'Emmanuel Macron dans l'archipel français du Pacifique, attendue début mai.

"Un compromis conforme aux principes de clarté". Les indépendantistes du FLNKS souhaitaient que la question fasse référence à la "pleine souveraineté" et pas à l'indépendance, mais une partie de la droite loyaliste souhaitait que les choix soient posés entre "indépendance" et "maintien dans la France". "Les membres du comité des signataires considèrent que cette formulation, qui est un compromis, est conforme aux principes de clarté, de loyauté et de sincérité", est-il écrit dans le relevé des conclusions du comité des signataires de l'accord de Nouméa, qui se réunissait pour la 17ème fois depuis la négociation de cet accord de décolonisation en 1998.

Des tensions vives entre les non-indépendantistes. L'émergence d'un compromis est une bonne nouvelle pour le gouvernement et le processus néo-calédonien, alors que les tensions politiciennes étaient remontées d'un cran ces dernières semaines, sur fond de controverses au sein du camp non-indépendantiste.

Si la date du 4 novembre a été fixée par les élus du Congrès calédonien la semaine dernière, les différentes chapelles loyalistes se sont écharpées ces dernières semaines sur l'exposé des motifs de la délibération, qui replaçait le référendum dans l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie. Un désaccord qui a fait exploser en février un groupe de travail mis en place par Edouard Philippe pour "préparer l'après-référendum", baptisé "chemin de l'avenir" ou G10. Le Premier ministre doit réunir ce groupe mercredi après-midi pour proposer "de nouvelles modalités de fonctionnement".

La crainte de nouvelles violences. Plus qu'une indépendance jugée peu probable, c'est la perspective de frustrations et de désordres au sein de la communauté kanak, notamment parmi la jeunesse, qui suscite des inquiétudes, trente ans après les violents affrontements des années 80 qui puisaient leurs racines dans les conflits entre indépendantistes et loyalistes.