Le gouvernement a décidé samedi de recourir à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites face à l'opposition, notamment de gauche. Lundi matin, sur Europe 1, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a estimé que cet usage était "désastreux pour la démocratie". Selon lui, cela marque "l'incapacité de la représentation nationale à aller au fond des débats".
Vers un "gros loupé" ?
Pour autant, Laurent Berger continue d'espérer une modification du texte sur le fond. "Édouard Philippe a sifflé la fin de la partie au Parlement", mais "il n'a pas sifflé la fin de la partie sur le contenu", explique-t-il au micro de Sonia Mabrouk. Pour autant, "ce texte n'est pas conforme aux enjeux de justice sociale que porte la CFDT. S'il n'y a pas des éléments que nous revendiquons dans les discussions qui vont s'opérer, ce sera un gros loupé."
Quant à la responsabilité de l'usage du 49.3 entre la majorité et l'opposition de La France insoumise, Laurent Berger renvoie les deux camps dos-à-dos. "Il y a une responsabilité partagée. Il y aurait pu y avoir une autre méthode de débat choisie, qui permettent de prendre un peu plus son temps, et aussi un dépôt massif d'amendements qui a empêché des débats de fond", estime le numéro un de la CFDT sur Europe 1.
"Deux éléments fondamentaux" pas repris
La CFDT a suggéré "un peu moins d'une cinquantaine d'amendements" au gouvernement et à la majorité. Parmi eux, "certains sont repris", mais "deux éléments fondamentaux" ne l'ont pas été : "La réparation de la pénibilité subie, c'est-à-dire la possibilité de partir avant l'âge légal en retraite, notamment parce qu'on a subi des gestes de posture. Nous voulons aussi une clause de sauvegarde pour l'ensemble des agents publics, notamment les agents de catégorie C qui n'ont pas suffisamment de prime et pour lesquels le texte est menaçant", détaille le secrétaire général de la centrale réformiste.
Maintenant, Laurent Berger espère que le texte s'améliore dans son contenu. "Nous allons continuer à nous battre pour que ce texte soit enrichi. Ça veut dire qu'il faut aller au Sénat, continuer de faire pression sur le gouvernement, mettre en face de ses responsabilités le Medef."