Une réforme moins rentable que prévue ? Depuis le début de l'examen du texte au parlement, le gouvernement multiplie les concessions, alors que le système des retraites est menacé par un déséquilibre de 13,5 milliards d'euros à l'horizon 2030. Et cela coûte de l'argent. Si bien que l'objectif d'un retour à l'équilibre du système vacille.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a lui-même reconnu que les caisses du régime général pourraient afficher un léger déficit de 300 ou 400 millions d'euros en 2030, et cela malgré la réforme. De plus, il faut rappeler que le gouvernement a fait un pari risqué en faisant reposer sa réforme sur un scénario économique très optimiste.
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Deux conditions à respecter
Le chiffrage de la réforme repose sur une croissance à 1% et sur le plein emploi à la fin du quinquennat. C'est-à-dire un taux de chômage de moins de 5% contre plus de 7% actuellement. Sans ces conditions, la réforme sera moins efficace que prévue, comme l'explique l'économiste Anne-Sophie Alsif. "Peut-être que ce ne sera pas 13 milliards, peut-être que ce sera moins. Il y aura des marges de manœuvre budgétaire, après est-ce que ce sera assez ou pas pour combler le déficit ? Oui si c’est le scénario du gouvernement qui se produit et non, s’il y a d’autres facteurs conjoncturels qui viennent gripper la croissance ou d’autres indicateurs comme le chômage ou la productivité. Ce qui peut faire vraiment dérailler le scénario c’est d’avoir une nouvelle crise ou et de rentrer en récession."
Pour l'heure, la plupart des économistes tablent sur une croissance inférieur aux prévisions de l'exécutif. En ce qui concerne le taux de chômage, les estimations restent au-dessus de 7% d'ici la fin du quinquennat. Or, une croissance faible et plus de chômeurs, c'est moins de recettes pour le système de retraites. Le pari du gouvernement est donc loin d'être gagné.