La bataille politique a commencé. Le projet de loi sur la réforme des retraites, qui prévoit notamment un départ à 64 ans, est arrivé en commission à l'Assemblée nationale ce lundi où les soixante députés de la commission des Affaires sociales examinent une première fois le texte qui arrivera le 6 février prochain dans l'hémicycle. Les débats s'annoncent pour le moins agités puisque 5.693 amendements ont été retenus, dont une majorité déposée par la Nupes.
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Droite et gauche se répondent
En réalité, les députés sont assez peu entrés dans les détails techniques puisque, particularité du texte budgétaire, aucun amendement voté en commission ne sera retenu dans le projet débattu dans l'hémicycle le 6 février prochain. Une sorte de tour de chauffe où droite et gauche se répondent, à l'image de cet échange sur le sens de la valeur travail entre Antoine Léaument, député France insoumise et Émilie Bonnivard, des Républicains. "À madame Bonnivard, qui a parlé tout à l'heure du travail épanouissant, on vous invite à aller porter des charges lourdes payés au Smic et vous verrez si c'est épanouissant de se casser le dos pour un salaire de misère", interpelle le premier.
Une intervention qui n'est pas restée sans réponse de la part de la politicienne. "Oui, le travail est épanouissant et notre rôle est de donner les moyens à nos concitoyens d'évoluer, d'avoir plusieurs carrières", répond Émilie Bonnivard à Antoine Léaument. De son côté, le gouvernement continue d'étudier certains axes d'amélioration réclamés par une partie des Républicains et même de la majorité. Cela concerne par exemple d'une meilleure prise en compte des congés parentaux ou d'une potentielle réduction de la durée de cotisation de 44 à 43 ans pour ceux ayant commencé à travailler avant 20 ans.
Combien l'exécutif est-il prêt à lâcher pour obtenir une majorité à l'Assemblée ? 3 milliards, répond en coulisse un ministre influent, à condition de faire de nouvelles économies sur ce qui a déjà été arrêté.
LFI en nombre
Dès le début de matinée, beaucoup de monde était présent en commission en plus des soixante députés. Plusieurs d'entre eux ont même demandé une plus grande salle de travail. En effet, les députés de la France Insoumise se sont déplacés en nombre. Malgré l'impossibilité pour certains de voter, ils étaient quand même une trentaine à vouloir absolument participer aux débats. Ces derniers ont d'ailleurs débuté sur la valeur travail, avant de rapidement dévier sur un débat plus politique portant sur le sens de la réforme.
"La réalité, c'est qu'aujourd'hui, on est dans de la pure politique, c'est-à-dire dans un enjeu de pouvoir", assène le député LFI de la Somme, François Ruffin, présent à l'Assemblée nationale ce lundi. "Quand on fait cela contre tous les syndicats de France, contre sept Français sur dix, contre huit salariés sur dix, même contre des patrons, vous vous radicalisez et vous êtes aujourd'hui dans un extrémisme pour imposer cette réforme contre un corps social qui n'en veut pas et que vous brutaliser", poursuit le député.
"Un braquage"
L'autre grande discussion de la matinée a porté sur le véhicule législatif utilisé par le gouvernement : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif, qui limite les débats à 20 jours à l'Assemblée. La gauche dénonce une "arnaque", un "braquage" et un "détournement de procédure". L'une des autres particularités de ce texte budgétaire, c'est que tous les amendements adoptés en commission ne seront pas retenus lors de l'examen en séance publique. Ce sera donc le texte initial du gouvernement qui sera débattu dès lundi prochain dans l'hémicycle.