La ministre de la santé s’est pris les pieds dans le tiers-payant. Un jour elle affirme aux médecins qu’elle veut éviter la généralisation, le lendemain elle proclame aux Français que la généralisation se fera au nom de l’équité. "Question de sémantique", explique son cabinet. De la même manière, le Premier ministre semble repousser aux calendes grecques la suppression de la taxe d’habitation le lundi alors que le président la réactive le dimanche. Tout cela ne fait pas très pro.
Une excuse déjà servie. Et la nouvelle équipe a un peu vite fait de mettre tout cela sur les mauvaises surprises de la fin de quinquennat Hollande. D’abord Emmanuel Macron était à Bercy il y a moins d’un an, il connaît les grands équilibres et trajectoires du budget de l’Etat. Et Il peut d’autant moins nous jouer la surprise des comptes sous le tapis qu’il a connu exactement la même situation avec François Hollande en 2007 au lendemain de l’élection. Car il y a un petit parfum de "déjà vu" dans le côté : "j’ai beaucoup promis, et peut-être même un peu trop".
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Les cordons de la bourse. Tout Jupiter qu’il est, le Président est soumis comme les autres à la calculette de Bercy. Au moment de passer à la caisse il doit renoncer, différer, amender la liste des courses. Exemple : comment voulez-vous faire rentrer dans la liste le rétablissement d’un service national d’un mois à plusieurs dizaines de milliards d’euros avec un budget aussi contraint ? Ça ne marche pas. De même, la très généreuse aide au développement promise à une forte augmentation devra attendre.
Un jeu d'équilibriste. Le gouvernement s’est fixé un pari audacieux, sinon impossible : réduire les dépenses et réduire, même chichement, très progressivement, la fiscalité dans le même temps. Jupiter, comme ceux qui l’ont précédé, comme un président normal, ne pourra pas tout tenir et devra assumer devant l’opinion quelques renoncements.