Parmi les régions qui étaient promises au Front National, il y avait bien sûr le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen a finalement été battue par Xavier Bertrand. Avec un score de 54% pour le candidat de la droite, contre 45% pour l’eurodéputée frontiste, ce sont les abstentionnistes du premier tour, mobilisés pour le second, et les électeurs de gauche qui ont suivi la consigne de leur état-major de "faire barrage au FN". C’est notamment le cas à Liévin, dans le Pas-de-Calais, un bastion socialiste où les militants PS avaient dimanche soir le sentiment de la mission accomplie, sans être forcément à la fête.
"Résistance". L'enthousiasme était loin d'être à la hauteur des terrils qui entourent cette ancienne cité minière. Voter à droite, cela n'a pas été facile. Surtout quand, à l'image de Bruno, on vote socialiste depuis l'élection de François Mitterrand : il lui a fallu la semaine pour se faire à cette idée. Ce sont ses camarades qui l’ont convaincu, "avec des mots forts". A l'annonce des résultats dans la grande salle de la mairie, il n’y avait pas un bruit. Les mines étaient bien noires. Certains parlent de fierté, d'avoir sauvé la région. Ahmed veut un mot plus fort : "c’est une vraie résistance, oui. La semaine dernière, on se sentait inquiet, on a eu peur. Dès qu’il y a eu l’annonce que la gauche se retirait, je savais que je voterais Xavier Bertrand".
Une défaite sans déshonneur. Toute la semaine, il a fait du porte-à-porte et tenté de convaincre les abstentionnistes. Mission accomplie pour le maire de Liévin, Laurent Duporge, qui résume par une formule l'état d'esprit de ses militants : "ils ont déjà été défaits. Ils ont choisi également de ne pas avoir le déshonneur." Ce qu'ils attendent désormais ? Sans trop d'illusions, ils espèrent un renvoi d'ascenseur de la part de Xavier Bertrand, qui a remercié les électeurs de gauche dès le début de son discours dimanche soir.