Régionales en PACA : comment, en fracturant la droite, Macron risque de faire le jeu du RN

  • Copié
Romain David
Au micro d'Europe 1, le président de l'institut d'études Elabe, Bernard Sananès, estime jeudi que le feuilleton des régionales en PACA risque de produire l'effet inverse de l'intention revendiquée par la majorité présidentielle, en faisant fuir des électeurs dépités par les manœuvres politiciennes vers le parti de Marine Le Pen.
ANALYSE

Coup de maître ou coup d'épée dans l'eau ? Emmanuel Macron a réussi à fracturer Les Républicains pour les régionales en PACA, mais la confusion semée à droite de l'échiquier politique pourrait finir par lui coûter quelques électeurs. Dimanche, Jean Castex annonçait que LREM renonçait à présenter une liste dans le sud pour privilégier une candidature commune avec le Républicain Renaud Muselier, et faire ainsi barrage au Rassemblement national. Mais l'émoi suscité par cette annonce est depuis en train de tourner à l'imbroglio politique. Car après avoir retiré son investiture à Renaud Muselier, LR a finalement décidé de le soutenir, arguant d'une absence d'accord avec la majorité présidentielle. Le gouvernement assure de son côté que des candidats LREM seront bien présents sur la liste.

"C'est d'abord apparu comme un succès pour Emmanuel Macron, qui a réussi à fracturer la droite. Mais je pense qu'on peut déjà dire que le vainqueur potentiel est le Rassemblement national", estime jeudi, au micro d'Europe Matin, Bernard Sananès, le président de l'institut d'études Elabe. "On sait que dans l'électorat du RN, surtout depuis la progression ces dernières années du mouvement de Marine Le Pen, il y a toujours ce rejet de la politique. Et le spectacle donné depuis quelques jours par LR - certes à l'initiative de l'exécutif -, favorise d'abord le RN", explique le politologue.

Des manœuvres en décalage avec les préoccupations des électeurs

Selon lui, à l'heure où la France traverse une crise inédite, les manœuvres politiciennes agissent comme un repoussoir sur les Français, d'abord préoccupés par un quotidien difficile et les perspectives d'avenir qui en découlent. "La politique, effectivement, n'est pas très attractive au moment où les Français ont des problèmes très importants et des angoisses très fortes, que ce soit avec la crise sanitaire, que ce soit avec les questions de sécurité, que ce soit avec les enjeux d'emplois", poursuit Bernard Sananès.

Une situation qui pourrait pousser certains électeurs dans les bras du Rassemblement national, un parti qui s'est longtemps réclamé comme "anti-système". "La politique politicienne affaiblit d'abord les partis traditionnels et a jusqu'à présent favorisé le Rassemblement national", observe Bernard Sananès pour qui une autre partie des électeurs, dépités mais qui refusent de franchir ce pas, pourraient préférer se tenir loin des urnes pour les prochains scrutin. "Ce type d'évènement ne concourt sans doute pas à la mobilisation électorale", conclut-t-il.