Depuis plusieurs semaines, une montée en puissance du FN aux élections régionales se dessinait. Elle s’est confirmée dimanche soir au premier tour du scrutin. Le parti de Marine Le Pen, en tête dans six régions, recueille, selon des résultats provisoires, 28,7% des voix au niveau national. Du jamais vu. Forcément, parallèlement, les autres partis déchantent. Confiante au sortir d’élections départementales triomphantes, la droite abordait les régionales, il y a quelque mois, avec confiance et sérénité. La déconfiture est réelle, avec 26,9% des suffrages exprimés.
Quant à la gauche, la défaite annoncée a bien eu lieu, mais pas dans les proportions prévues. Par rapport à 2010, régionales au soir duquel le Parti socialiste et ses alliés contrôlaient 21 régions sur 22, la chute est bel et bien là, avec un petit 23,2% des voix pour le PS, contre 29,14% en 2010. Mais dans le détail, le parti majoritaire à l'Assemblée et ses alliés sont en position de conserver de trois à cinq régions, ce qui signifierait plus que limiter la casse.
- Le FN grand gagnant de la soirée
Les élections s’enchaînent, et le FN n’en finit pas de progresser. 28,7% au niveau national, c’est tout simplement historique. Le record des départementales de 2015 (25,24%) est en tous cas nettement battu, et c’est presque trois fois mieux qu’en 2010 (11,42%). Non seulement le parti de Marine Le Pen profite d'une dynamique de montée en puissance durable, mais il a aussi récolté les fruits de l’ambiance post-attentats, où les thèmes de la sécurité et de l’immigration, qui lui sont traditionnellement favorables, ont été omniprésents dans la campagne. Au final, le FN pourrait s’imposer dans trois, voire quatre régions, alors qu’elle n’en a jamais contrôlé aucune. Incontestablement, il est le grand gagnant de ce premier tour des régionales.
- La droite mi-figue, mi-raisin
Qu’il semble loin, le temps où Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, annonçait possible un Grand Chelem de la droite et du centre. C’était seulement à la mi-septembre pourtant. Avec 26,7% des voix, Les Républicains et leurs alliés de l’UDI ne parviennent même pas à se porter en tête du premier tour. Et ils progressent très peu par rapport à 2010 (26,02%) quand Nicolas Sarkozy était au pouvoir. Pour le parti de l’ancien président (et pour lui-même), le coup est rude. Désormais, la droite n’a plus que pour but de s’imposer dans une majorité des 13 régions métropolitaines (dont Corse). L’objectif reste largement réalisable, mais la déception est réelle.
- La gauche sauve les meubles
23,2% des voix pour le Parti socialiste, c’est faible. Mais le PS pouvait s’attendre à pire. Depuis le score de 2010, la chute est de plus de 6 points. C’est surtout le total gauche qui interpelle par sa faiblesse. Avec 33,5% au total, PS, Front de gauche et Verts (10,3% ensemble) réalisent ensemble l’un des moins bons score du bloc de gauche pour une élection lors de la 5e République. Cela dit, le PS et ses alliés écologistes et du Front de gauche remporter jusqu'à cinq régions, dont l'Ile-de-France, ce qui constituerait presque une victoire.
- Un sursaut de la participation
C’était l’un des effets attentats attendus, et il a bien eu lieu. Avant les tueries du 13 novembre, l’abstention était annoncée en hausse par rapport au scrutin régional de 2010, quand elle avait atteint 53,64%. Mais finalement, les citoyens français ont semble-t-il tenu à répondre par les urnes. Au final, le taux de participation devrait se situer autour de 49,5 %, mieux donc qu’au même stade en 2010 (46,36%), et dans les mêmes eaux qu’aux départementales de 2015 (50,17% au premier tour). Cela reste toutefois très bas par rapport au premier tour des élections régionales de 2004, où 62,12% des électeurs s’étaient déplacés au premier tour.
- Et maintenant ?
Place au second tour, dès dimanche prochain. Autant dire que les délais sont courts, pour la campagne évidemment, mais aussi pour définir les stratégies. Avec un FN en mesure de l’emporter dans trois, voire quatre régions, la gauche a déjà défini une ébauche se stratégie. En Paca et en Nord-Pas de Calais-Picardie, le PS a retiré ses listes pour faire barrage au FN, sans garantie aucune que cela s'avère efficace. Elle ne l'a pas fait en revanche en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, où le FN Florian Philippot est en passe de l'emporter. Ailleurs, c'est à la droite de se positionner. Nicolas Sarkozy, le président des Républicains, a d'ores et déjà écarté toute idée de retrait, mais il a été contredit par le président de l'UDI, son allié Jean-Christophe Lagarde, mais aussi, en interne, par Nathalie Kosciusko-Morizet. Les choses se décideront probablement région par région, mais les décisions devront être prises rapidement : dès mardi à 18 heures, les listes pour le second tour devront être déposées en préfecture.