Le chef de file écologiste de l'union de la gauche en Provence-Alpes-Côte d'Azur Jean-Laurent Felizia a annoncé lundi le retrait de sa liste à ses colistiers, laissant en duel au second tour des élections régionales le sortant LR Renaud Muselier et Thierry Mariani pour le RN. Ce retrait, révélé par le quotidien La Marseillaise, a été confirmé par Jean-Pierre Cervantes, chef de file de cette liste dans le Vaucluse, et Anthony Gonçalves, 4e dans les Bouches-du-Rhône, ainsi que par le responsable local d'un des partis soutenant cette large union de la gauche dont seuls les Insoumis étaient absents.
"J'estime que c'est une trahison"
Moins de 24 heures après avoir annoncé le maintien de sa liste au second tour, avec un score de 16,9%, contre 36,4% pour Thierry Mariani et 31,9% pour Renaud Muselier, le conseiller municipal du Lavandou (Var) a donc fait machine arrière, cédant à la pression des états-majors parisiens, celui d'EELV en tête. "Hier soir, il y avait un faible écart de voix entre M. Muselier et le RN (selon les estimations en début de soirée dimanche). Ce matin, ce n'était plus le même tabac", a expliqué Stéphane Salord, membre de la liste du Rassemblement écologique et social dans les Bouches-du-Rhône : "Personnellement j'étais favorable au retrait. Il faut être cohérent, qu'on soit fidèle à des engagements éthiques et politiques".
D'autres colistiers acceptaient beaucoup moins bien ce retrait soudain : "La décision a été prise par Jean-Laurent Felizia sans vote, après avoir écouté toutes les têtes de liste et certains responsables politiques s'exprimer", a ainsi assuré Jean-Pierre Cervantes à l'AFP : "J'estime que c'est une trahison. (...) Je pense que c'est une erreur politique fondamentale, je ne suis pas entré en politique pour voter contre".
"On ne considère pas qu'on peut jouer cette élection aux dés"
De fait, la pression était importante sur Jean-Laurent Felizia depuis son annonce de dimanche soir. Lundi matin, le patron des Verts, Julien Bayou, avait même brandi la menace de l'exclusion contre son chef de file en Paca : "On ne considère pas qu'on peut jouer cette élection aux dés, le Front national [devenu Rassemblement national] est trop élevé", avait-il insisté.
Des appels au retrait avaient également été relayés par le PC, le PS ou encore Place Publique, d'autres partis membres de cette large union de la gauche. Au premier tour en Paca, la liste RN de Thierry Mariani a devancé celle de Renaud Muselier de 4,47 points, beaucoup moins que les 14 points d'avance de Marion Maréchal-Le Pen sur Christian Estrosi en 2015.
Il y a six ans, pour éviter une éventuelle victoire du RN dans la région, la liste de gauche alors conduite par le socialiste Christophe Castaner, désormais devenu patron des députés marcheurs, s'était sabordée quelques heures à peine après l'annonce des résultats.