C'est la marque Borne et la surprise du remaniement. Aurélien Rousseau, nommé ministre de la Santé en remplacement de François Braun, est l'ancien directeur de cabinet d'Elisabeth Borne et un excellent connaisseur du système de santé français.
C'est l'unique surprise du remaniement ministériel annoncé jeudi soir : Aurélien Rousseau est le nouveau ministre de la Santé et de la Prévention. Cet ancien professeur d'histoire-géographie succède au médecin urgentiste François Braun. Aurélien Rousseau, jusqu’ici inconnu du grand public, était pourtant un rouage essentiel dans l'entourage du couple exécutif depuis plus d'un an.
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Un homme de l'ombre
C'est un homme de l'ombre qui s'apprête à prendre la lumière. Un profil de technocrate qui va devoir piloter un système de soin en crise, miné par le manque de médecins et l'inexorable croissance des besoins en santé d'une population vieillissante. Parmi les grands malades, l'hôpital, qui n'est plus assez attractif pour attirer les soignants en nombre suffisant, malgré un Ségur de la santé qui a revalorisé à l'été 2021 les salaires des personnels hospitaliers. Côté médecins de ville, le nouveau ministre devra affronter la colère des syndicats, qui réclament une hausse de la consultation.
Il aura aussi dans son escarcelle le projet de loi sur la fin de vie, dont était chargée dans le gouvernement sortant Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé.
Aurélien Rousseau a d’abord refusé, puis hésité avant finalement de se décider à accepter cette mission. Il faut dire qu'il y a quatre jours à peine, cet énarque à la fibre socialiste quittait Matignon l’esprit léger. Lui, le directeur de cabinet d'Élisabeth Borne depuis plus d'un an partait de son plein gré de ce qu'il appelait le "terminus des emmerdes".
Des rumeurs de mésentente avec Élisabeth Borne
C'était sans compter sur l'insistance d'Emmanuel Macron . Puisqu'Élisabeth Borne plaidait pour le départ de François Braun, le chef de l'État a posé une condition : que le ministère de la Santé revienne à cet ancien directeur d'Agence régionale de Santé. Aurélien Rousseau a piloté l'Agence régionale de la Santé d'Île-de-France pendant la crise sanitaire. Une expérience éprouvante dont il avait tiré un essai, publié en septembre, (La blessure et le rebond, dans la boite noire de l'Etat face à la crise, éditions Odile Jacob) pour raconter "comment les choses de l'Etat se jouent, les décisions se prennent".
Historien de formation et énarque rattaché au Conseil d'Etat, Aurélien Rousseau, 47 ans, est issu de la gauche - il a été membre du PCF dans sa jeunesse -, cet homme muni de petites lunettes rondes, a travaillé auparavant au cabinet de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, puis auprès des Premiers ministres socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
Malgré des rumeurs de mésentente entre Aurélien Rousseau et la Première ministre, le chef de l'État tenait à ce que le ministère de la Santé lui revienne. Mais cette nomination pose aussi des questions puisque l'ancien directeur de cabinet est marié à Marguerite Cazeneuve, ancienne conseillère du Président et actuelle numéro 2 de l'Assurance maladie.