Au terme de longues tractations entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, l'Élysée doit annoncer jeudi après-midi les "ajustements" à l'équipe gouvernementale qui devra relever à la rentrée les défis assignés par le président autour de l'écologie, l'immigration et la réponse aux émeutes. D'abord attendu mercredi, puis évoqué pour jeudi matin, ce remaniement qui plane sur le camp présidentiel depuis des semaines est maintenant prévu pour le milieu ou la fin de l'après-midi, selon un conseiller de l'exécutif. Il sera suivi vendredi à 10H00 du Conseil des ministres réunissant la nouvelle équipe, a annoncé l'Élysée.
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Son ampleur sera scrutée à l'aune de la bataille feutrée entre la cheffe du gouvernement qui, d'après ministres et conseillers, espérait un renouvellement conséquent pour asseoir son autorité, et le chef de l'Etat qui, lui, ne voudrait que des changements à la marge pour conserver la cartouche d'un grand chambardement pour des temps plus difficiles. "Plus on avance, moins il y a de ministres qui sortent", glissait un conseiller ministériel jeudi à la mi-journée. Le casting commence à se préciser, avec, en effet, un nombre limité de départs, dont celui de Pap Ndiaye qui, aux yeux de ses collègues, n'a pas réussi à imprimer sa marque depuis un an à l'Education.
Encore des interrogations
Pour le remplacer, le nom de l'actuel ministre du Budget, Gabriel Attal, 34 ans, étoile montante de la Macronie, revient avec insistance, avec une ligne directrice : placer l'autorité au cœur du projet éducatif après les récentes violences urbaines. Issu lui aussi de la société civile, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe devrait, selon plusieurs sources concordantes, être remplacé par la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé.
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La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, est, de l'avis de tous, sur le départ après avoir été épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne. Des interrogations demeuraient sur le sort d'autres ministres.
À la Santé, François Braun, autre représentant de la société civile nommé sur volonté d'Emmanuel Macron, était présent jeudi matin, avec un certain panache, au micro de BFMTV/RMC alors que son départ était donné comme probable la veille. Plusieurs noms, dont celui du député Horizons Frédéric Valletoux, ont même filtré pour lui succéder. A-t-il finalement réussi à sauver son fauteuil ? "Je suis au travail, je suis à ma tâche", "plus que jamais" ministre de la Santé, s'est-il borné à répondre. Dîner à l'Élysée, apéritif pour marquer la fin d'une session parlementaire particulièrement agitée : les derniers jours ont parfois pu virer au supplice pour les ministres dans l'incertitude.
Rentrée difficile
"Ce ne sont jamais des moments très agréables", mais "il faut toujours les traverser avec le maximum de calme, d'esprit du collectif et de respect", a concédé Emmanuel Macron mercredi soir devant les parlementaires qui le soutiennent, réunis chez le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester - lui-même menacé, mais au visage plus "serein" que la veille selon des participants.
Le président a fixé à son camp la feuille de route de la rentrée à dérouler avec "audace", "innovation" et une ligne "rassembleuse": "innover" pour répondre aux émeutes, "inventer une écologie de progrès et de solutions" et se saisir du sujet explosif de l'immigration pour ne pas laisser "les extrêmes se nourrir".
Or le gouvernement ne dispose toujours pas d'une majorité absolue à l'Assemblée. Après l'épreuve du feu des retraites l'hiver dernier, Elisabeth Borne va de nouveau batailler à coups de "49.3" pour faire adopter le budget 2024 face à des oppositions déterminées à en découdre. Autant d'échéances sur lesquelles la Première ministre pourrait donc trébucher, après avoir déjà échappé de peu à une motion de censure sur les retraites.
"Ce qui intéresse les Français, ce n'est pas de savoir si on va remplacer des inconnus par d'autres inconnus", a taclé jeudi sur France 2 le député Les Républicains Pierre-Henri Dumont, estimant "qu'en gardant la même Première ministre, on voit très bien que le cap n'a aucune chance d'être changé". "Cela m'importe assez peu de savoir qui va monter sur le Titanic", a aussi ironisé le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, sur CNews.