"La troisième vague est loin d'être terminée", a averti ce vendredi le Premier ministre Jean Castex, en déplacement dans un CHU de Caen. Il a tempéré les ardeurs de ceux qui imaginent déjà face au Covid-19 un mois de mai normal. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a pratiquement fait la même chose à Manosque, un peu plus tôt dans la journée. Pressé de questions lui aussi, notamment sur la réouverture des commerces, il a tenté de recadrer les choses : "Il y a une amélioration mais je reste prudent, c'est trop tôt pour le dire."
Précautions
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a fait preuve des mêmes réserves en marge d'un déplacement dans le Jura. "Le président de la République l'a dit dans son allocution, il y a quinze jours, il a parlé d'un début de réouverture à la mi-mai, en commençant par certains lieux de culture et certaines terrasses", a-t-il rappelé.
La multiplication des précautions oratoires dans la bouche de ces différents membres du gouvernement trahit la délicate posture de l'exécutif, qui entend donner des gages aux Français mais qui veut aussi à tout prix éviter d'avoir à se dédire. "Les choses se feront progressivement à mesure que la situation sanitaire s'améliorera, à mesure que la vaccination continuera à se déployer", a encore expliqué Gabriel Attal. "On était hier (jeudi) en réunion autour du président de la République et du Premier ministre avec un certain nombre de collègues du gouvernement, pour travailler à ce calendrier et aux modalités de réouverture", a-t-il encore indiqué. Avant d'ajouter : "Aujourd'hui, l'heure est évidemment à la mobilisation et à la prudence."
Rassurer… à demi-mot
Pourtant, certains propos ont pu brouiller les pistes. En effet, si Emmanuel Macron a encore parlé jeudi soir, devant les maires, d'un objectif de réouverture progressive autour de la mi-mai, certains commerçants, restaurateurs et acteurs du monde de la culture en tête, ont compris qu'il s'agissait du 15 mai. Sauf que l'Élysée refuse de donner un calendrier plus précis. Mi-mai sera donc pour le moins le début de "quelque chose". Cela pourrait commencer par "certaines terrasses, certains lieux de culture", selon la formule assez laconique de Gabriel Attal.
L'Élysée veut donner des perspectives, rassurer, montrer que l'exécutif est à la manœuvre pour permettre aux Français de reprendre le plus rapidement possible une vie normale, mais comme le confie à Europe 1 un conseiller du président, "il y a toute une série de données à prendre en compte pour pouvoir décliner un calendrier précis". Des données sanitaires, techniques, et surtout politiques.
Ne pas être obligé de faire machine arrière
"Si on rouvre, il faut que ce soit pour de bon", martèle-t-on à Bercy. Voilà pourquoi il faudra attendre la prochaine allocution du président de la République pour avoir des dates et un protocole précis et officiel. D'ici là, l'exécutif veut éviter de s’avancer. Car la dernière fois que le chef de l'État a demandé "de tenir quatre à six semaines", c’était début mars, et passé la mi-avril rien n’est encore réglé.