Face aux retards annoncés du futur métro du Grand Paris, les élus de Seine-Saint-Denis ont adressé jeudi une lettre ouverte au président de la République, en lui rappelant son engagement répété à lutter contre "l'assignation à résidence" en favorisant la mobilité.
Des transports livrés avec plusieurs années de retard. En février, le gouvernement avait annoncé d'importants retards pour certains tronçons du Grand Paris Express, qui prévoit la construction de plus de 200 kilomètres de métro automatique destinés à faciliter les déplacements dans la banlieue parisienne.
La Seine-Saint-Denis est "particulièrement touchée par ce recalage, puisque les lignes 15 Est, 16 et 17 qui doivent la desservir prennent cinq à six ans de retard", rappellent les signataires de la lettre - plus d'une soixantaine de maires et d'élus de toutes tendances politiques. Ils s'inquiètent aussi de retards sur les lignes 11, 12 et 14, ainsi que sur des lignes du tramway.
"Un rééquilibrage emploi-habitat indispensable", selon les signataires. "Ces nouvelles infrastructures sont pourtant cruciales pour notre département, qui a longtemps été le parent pauvre des transports en mode lourd en Île-de-France", écrivent-ils dans ce courrier transmis. Territoire "très dynamique", la Seine-Saint-Denis figure dans "le top 5" des départements créateurs d'entreprises et accueille "un nombre de plus en plus important de grandes entreprises, prémices d'un rééquilibrage emploi-habitat indispensable", plaident-ils.
Mais ce rééquilibrage "ne pourra se poursuivre sans moyens de transport supplémentaires", ajoutent les élus, assurant avoir de leur côté "pris leurs responsabilités" en construisant de "nombreux logements" (17.000 permis délivrés en 2016, soit 18% du volume régional). Ils demandent à l'État d'honorer sa "part du contrat" et de reconsidérer le calendrier des projets de transports.
Premières lignes pour 2024. Le Grand Paris Express comprend quatre lignes nouvelles de métro automatique, numérotées de 15 à 18, ainsi que des prolongements de la ligne 14. En février, le gouvernement avait confirmé l'objectif d'une mise en service de certaines lignes (d'Orly à Saint-Denis via Paris et de Saint-Denis à Clichy-Montfermeil) en 2024, mais entériné d'importants retards pour d'autres tronçons, tout en exigeant une réduction des coûts d'environ 10%.
Maintenir la "politique d'émancipation". Dans leur courrier, les élus rappellent à Emmanuel Macron ses engagements pris lors de son discours sur les banlieues : "La 'politique d'émancipation permettant à chacun de pouvoir aller vers ce à quoi il aspire', la volonté 'qu'il n'y ait plus cette assignation à résidence sociale ou territoriale', que vous évoquiez dans votre discours du 22 mai, passent aussi et surtout par un accès facilité à la mobilité et donc par un développement du réseau de transport dans ces quartiers, dans nos quartiers".