"C'est une petite réforme", a assuré Mathieu Laine, professeur d’Humanités à Sciences Po et chroniqueur au Figaro et aux Échos, sur Europe 1 jeudi. La réforme des retraites "est finalement assez comptable, tout à fait naturelle, sociale à plein d'égards... À un moment ou un autre, notre système ne tient pas, ça va craquer donc on ne peut pas ne pas faire cette réforme", a-t-il poursuivi.
La réforme des retraites, "une clause de rendez-vous"
Mathieu Laine dit aussi reconnaître "la complexité" du gouvernement "à faire bouger quelques lignes". "Je connais certains membres de cette équipe et j'ai beaucoup d'empathie pour eux", a-t-il glissé. Et face à la contestation des Français et des syndicats, l'essayiste l'assure, le chef de l'État "ne doit pas reculer". "Il y a eu une expression démocratique par un vote et pour le coup, il a été très clair à cet égard. Je pense qu'il faut faire [cette réforme] et surtout s'il ne la fait pas, c'est presque la fin du quinquennat", a-t-il affirmé.
Cette réforme permettra-t-elle de préserver notre système par répartition ? "Certainement pas", a répondu l'auteur de La compagnie des voyants aux éditions Grasset. "La vraie difficulté de cette réforme, c'est que c'est une clause de rendez-vous pour quelques années plus tard. C'est une adaptation à l'allongement de la vie. Cela dit, moi je pense qu'il manque dans le monde politique, une capacité de travail et d'innovation qui, sans caricature, vient dire qu'il faudrait mettre une tranche de capitalisation qui permettrait aux Français de participer au financement de l'économie et à la montée en puissance de la valeur."
Le travail, "une capacité d'émancipation fabuleuse"
Mais en quelques années, le rapport de la jeunesse au travail a changé. Une partie de ces jeunes n'entretient pas le même lien à l'emploi que leurs aînés - une mutation accélérée par la crise du Covid-19 - et manifeste contre la réforme des retraites. Une révolution que comprend Mathieu Laine même s'il persiste et signe : le travail est une capacité d'émancipation. "On peut avoir, à un moment de sa vie quand on est plus jeune, la tentation d'aller faire autre chose, de ne pas travailler, ou de travailler moins. Cela dit, ce n'est pas être affreusement réac ou réaliste ou sombre que de se dire qu'en réalité, le travail est une capacité d'émancipation fabuleuse."
"Bien sûr qu'il y a de la pénibilité mais je crois qu'il y a un peu de travail pour cette nouvelle génération pour recréer les bonnes incitations pour aller profiter de ce que le travail apporte dans la vie", a-t-il ajouté.