Le député LR Gilles Carrez déplore dimanche un "manque de pédagogie" de la part du gouvernement sur la réforme à venir des retraites, dont il approuve le principe.
"C'est une réforme d'une grande ambition, dont je soutiens la volonté d'harmoniser tous les régimes de retraite. Mais je regrette un manque de pédagogie. On n'explique pas aux Français que si on veut maintenir l'équilibre financier du système, la retraite à 62 ans sans malus, c'est fini", explique au Journal du Dimanche l'ancien président de la Commission des finances de l'Assemblée.
"Un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge"
Le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye avait présenté mi-juillet un rapport préconisant la mise en place, à partir de 2025, d'un "système universel" de retraites par points fusionnant les 42 régimes existants. Il avait recommandé de fixer un "taux plein" à l'âge "pivot" de 64 ans pour tous, assorti d'un système de décote/surcote.
Le président Emmanuel Macron avait créé la surprise lundi en disant préférer "un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge" de départ, tout en affirmant que "rien" n'était "décidé" à ce stade. "Une ouverture faite notamment à la CFDT et à (Laurent) Berger", a confirmé Gérald Darmanin sur RTL.
"Le choix du Président est surtout tactique et lié au souci de s'assurer la non-opposition de la CFDT", juge aussi Gilles Carrez: "Mais dans les deux cas, on est dans un système de bonus-malus : si vous n'avez pas atteint l'âge pivot ou la durée de cotisation requise, vous serez pénalisé avec un malus. (...) L'allongement de la durée de cotisation, lui, est plus équitable pour ceux qui commencent à travailler tôt, et plus pénalisant pour ceux qui font des études et entrent plus tard dans la vie active. C'est un vrai débat."
Philippe va recevoir les partenaires sociaux
Edouard Philippe lancera jeudi et vendredi à Matignon une nouvelle phase de concertation sur la base du rapport Delevoye, en recevant syndicats et patronat. Un processus de "concertation citoyenne" doit ensuite être lancé à l'automne.
"Ce que je crains", explique encore M. Carrez, "c'est qu'il ne se passe rien dans les deux ou trois ans qui viennent, et qu'on se retrouve en 2022 avec un régime très déficitaire. À vouloir prendre son temps pour bâtir une magnifique réforme d'ensemble, il ne faudrait pas qu'on omette de colmater les brèches de court terme".