L'heure est aux derniers arbitrages. Le projet de loi pour modifier la Constitution, que l'exécutif avait annoncé au lendemain des attentats du 13 novembre, doit être présenté en Conseil des ministres mercredi. Parmi les mesures possibles figurait la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français reconnus coupables d'actes terroristes. Une proposition très critiquée au sein de la gauche, et que Manuel Valls et François Hollande, qui se réunissent lundi midi pour leur traditionnel déjeuner hebdomadaire, devraient se résoudre à abandonner.
Une mesure très critiquée. La déchéance de nationalité est en effet devenue, depuis son évocation par François Hollande le 16 novembre devant le Parlement réuni en Congrès, une véritable épine dans le pied du PS. Idée traditionnellement inscrite dans les programmes d'extrême-droite, brèche ouverte dans le droit du sol et du sang, elle est symboliquement difficile à porter pour la gauche. "C'est une faute très grave de compréhension du sens de la nationalité", a ainsi averti Cécile Duflot au micro d'Europe 1 dimanche.
Rétropédalage à Matignon. Quant à l'efficacité d'un tel dispositif, les voix n'ont pas manqué pour la mettre en doute. Ces derniers jours, Manuel Valls lui-même avait émis des réserves, estimant qu'il s'agissait d'un symbole plus susceptible de crisper la majorité que de permettre de lutter contre le terrorisme. Sa prise de position avait d'ailleurs passablement agacé François Hollande.
Reculer sans se renier. Pour le chef de l'Etat et le Premier ministre, toute la question désormais est de trouver comment reculer sans se renier. Et sans sacrifier son projet de loi tout entier. En effet, si celui-ci ne contient pas la déchéance de nationalité, il risque d'être boudé par la droite, attachée à cette mesure. Or, une modification de la Constitution nécessite l'approbation des 3/5e des parlementaires. François Hollande a donc besoin des voix de la droite pour mener le texte au bout.
Renvoyer la balle dans le camp de l'opposition. A l'Elysée, on aiguise son argumentaire. Et on devrait appuyer sur le fait que la déchéance de nationalité ne s'applique qu'à très peu de cas. L'absence de cette mesure dans le projet de loi serait donc une bien mauvaise raison de ne pas voter la modification de la Constitution en période de menace terroriste. Une manière de renvoyer la balle dans le camp de l'opposition, en l'appelant à prendre ses responsabilités.