Richard Ferrand sur Europe 1 1:49
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Anaïs Huet , modifié à
À un peu moins de trois mois des élections européennes, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand s'aligne sur la tribune publiée lundi soir par le président de la République.
INTERVIEW

Dans une tribune adressée aux citoyens européens et diffusée lundi soir dans les pays membres, Emmanuel Macron décline une série de propositions pour l'Union européenne (UE), et appelle à une "renaissance européenne", à un peu moins de trois mois des élections.

"Nous voulons 'mieux' d'Europe". Pour Richard Ferrand, invité d'Audrey Crespo-Mara mardi sur Europe 1, si l'Europe est évidemment "nécessaire", "elle ne fonctionne pas bien, à bien des égards". Ainsi, pour le président de l'Assemblée nationale, "l'enjeu, c'est de mettre l'Europe en marche".

Pour autant, selon Richard Ferrand, les propos tenus par Emmanuel Macron dans sa tribune ne donnent aucunement raison aux populistes, qui dressent eux aussi le constat d'une Europe défaillante, en proie aux incohérences et à d'infinies lenteurs. "Les populistes veulent moins d'Europe. Nous, nous voulons 'mieux' d'Europe. C'est ça la différence. Il faut plus d'Europe concrète, plus d'Europe dans la vraie vie. C'est ça notre combat", martèle le député LREM du Finistère.

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Pour mettre fin à ces lenteurs européennes tant décriées, Richard Ferrand considère "qu'il ne faut pas se laisser embourber par la recherche permanente de consensus" au sein des pays membres. "Il va falloir faire en sorte qu'en Europe, quand les pays fondateurs veulent avancer plus vite, ils le puissent. Et ceux qui sont réticents, qui veulent rester à la traîne, qu'ils le restent. L'important, c'est qu'ils ne puissent pas entraver durablement la marche de ceux qui veulent aller plus vite", juge-t-il. Ainsi, selon lui, "beaucoup" de dispositions préconisées par le chef de l'État pourraient être adoptées par la majorité.

Réviser les accords de Schengen, une nécessité. Dans sa tribune, le président de la République appelle notamment à remettre à plat les accords de Schengen. "Ce ne sont pas des incantations, ce sont des engagements", assure Richard Ferrand. "Si on ne traite pas de la même manière au plan européen les flux migratoires, on se retrouve dans des cas où l'Italie et la Grèce doivent amortir tout à elles seules. Cela crée des chocs, des fronts, parce qu'il n'y a pas assez de solidarité européenne. L'enjeu, c'est que tous les grands défis, nous les gérions à l'échelle de notre continent", plaide l'élu.

L'espace Schengen est une zone de libre circulation, où les contrôles aux frontières sont abolis en temps normal. Elle est actuellement composée de 26 pays, dont 22 membres de l'UE.  La France a rétabli les contrôles aux frontières au soir des attentats du 13 novembre 2015. Ils ont été systématiquement renouvelés depuis, tous les six mois, au motif de la menace terroriste. Il ne s'agit pas de contrôles systématiques mais d'une possibilité de procéder à des vérifications d'identité aux frontières, par dérogation aux règles de la libre circulation. Les frontières terrestres, avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne, sont concernées, ainsi que les frontières aériennes et maritimes.

Quelle tête de liste pour LREM ? Si la ligne LREM est officiellement tracée depuis lundi soir, reste une question en suspens : qui pour devenir tête de liste en mai prochain ? Deux noms circulent : celui de Nathalie Loiseau, la ministre chargée des Affaires européennes, et celui d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. Récemment, cette dernière n'a pas hésité à s'en prendre à Marine Le Pen, concurrente certaine aux Européennes, en l'accusant de valser avec les néo-nazis. "Pour conduire une liste, il faut des convictions fortes, de la pugnacité et une légitimité très solide", estime Richard Ferrand. Et de nuancer dans la foulée : "La question n'est pas de savoir si l'on est capable de tenir la dragée haute à telle ou telle personnalité."

"Agnès Buzyn fait évidemment partie des personnalités à même de conduire une liste. Mais je ne crois pas qu'il faille perdre du temps sur le casting", poursuit-il. Car, pour le président de l'Assemblée nationale, seul importe "le scénario" édicté par Emmanuel Macron. Un chef de l'État qui, sans aucun doute, "aurait fait une excellente tête de liste", sourit Richard Ferrand. "Malheureusement, il n'est pas disponible."