Thibault de Montbrial, avocat au barreau de Paris et président du CRSI, était l'invité d'Europe 1 jeudi. Il assure qu'il existe aujourd'hui "au plus haut niveau de l’Etat" "un pessimisme profond" ancré sur "le constat que la société est tellement sous tension que chacun se regroupe autour de son camp".
"La question n’est plus de savoir si la société va exploser, mais quand" : dans son livre "Osons l'autorité", Thibault de Montbrial, avocat au barreau de Paris et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), cite cette phrase d’un des plus hauts fonctionnaires régaliens français, dont il tait le nom. Invité d'Europe 1 jeudi, il affirme qu'au plus haut niveau de l'Etat, il existe un "pessimisme profond" à ce sujet.
Un pessimisme lié à la montée du communautarisme ?
"Aujourd'hui, il y a au plus haut niveau de l’Etat un pessimisme profond sur les questions régaliennes, ancré sur le constat que la société est tellement sous tension que chacun se regroupe autour de son camp, son idéologie, parfois son ethnie, et que toutes ces valeurs individuelles ou en groupes priment sur l'universalité de la république française et même sur l’union de son territoire", a-t-il soutenu sur Europe 1. "Le risque de déflagration à partir d’une étincelle qui pourrait avoir des causes multiples est réel", a-t-il ajouté, affirmant que "différents scénarios sont étudiés et anticipés" par le gouvernement. "Le pire n’est jamais sûr, le but c’est d’éviter tout cela".
"La justice ne protège plus nos concitoyens"
Selon Thibault de Montbrial, ce risque d'explosion de la société est alimenté par plusieurs problèmes, dont celui de l'application de la justice. "Quand vous êtes unis dans le pacte social, l'une des premières choses que vous recherchez, c'est la sécurité. L’être humain recherche avant tout la sécurité à partir de laquelle il va pouvoir s'épanouir en liberté", a poursuivi l'avocat. Or la sécurité est selon lui une chaîne qui commence par la police et la gendarmerie et aboutit à la justice.
"Le problème, c'est qu'on a aujourd'hui une justice qui ne protège plus nos concitoyens parce que la mission de sécurité de la justice est totalement oubliée". Il donne notamment l'exemple des "faits qui portent atteinte au pacte social" dont les premiers sont les violences, "trop souvent appelés petite délinquance. Vous avez trop souvent des peines qui ne sont pas des peines que le délinquant va sentir. Il y a une réponse, mais souvent inadaptée. A la fin des procès personne ne sait (ni l’avocat de la défense, ni celui de la victime ni même le président du tribunal) combien exactement celui qui est condamné va exécuter si de la prison ferme est prononcée, ni quand cette peine sera exécutée", conclut Thibault de Montbrial qui propose "une simplification et une lisibilité" de ce processus.