En l'absence de majorité au Parlement, "nous avons atteint les limites du système", s'alarme le président du Sénat Gérard Larcher dans un entretien à la revue L'Hémicycle à paraître mardi, où il épingle les choix d'Emmanuel Macron face à "l'instabilité politique". Dans un entretien fleuve à la revue trimestrielle, le cadre des Républicains (LR) appelle à ce que "les prérogatives du Parlement soient respectées" et dénonce les "tentatives de contournement par l'exécutif" dont il fait l'objet, notamment sur le budget de l'État.
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"L'instabilité politique liée à cette situation pose la question suivante : comment avancer sans majorité ? La logique aurait voulu que le Président propose des alliances, texte par texte, projet après projet. Cela n'a jamais été sa volonté. Donc on continue à avancer cahin-caha, à coups de 49-3 (...) Nous avons atteint les limites du système", s'indigne le président du Sénat.
"Les conditions ne sont pas réunies" pour une alliance
Relancé sur l'hypothèse d'une alliance de gouvernement entre LR et le camp présidentiel, un temps évoquée, le sénateur des Yvelines "constate qu'aujourd'hui, les conditions ne sont pas réunies". "J'ai toujours dit que s'il devait y avoir un travail en commun, il ne pourrait se faire qu'autour d'un projet partagé, discuté, et d'un contrat qui devra trouver une majorité", détaille celui qui a entamé à l'automne son cinquième mandat de trois ans à la tête de la chambre haute.
Comme à son habitude, Gérard Larcher déplore l'attitude du président de la République par rapport aux collectivités territoriales : "Emmanuel Macron voit la France depuis en haut", épingle-t-il, appelant à une "véritable nouvelle étape de décentralisation". "La politique menée depuis une décennie a conduit à la montée de Marine Le Pen", s'alarme-t-il encore, réfutant les accusations faites à LR de courir derrière le Rassemblement national. "Nous pouvons partager certains constats" avec le RN, "mais nous avons des divergences très profondes".
Questionné sur l'élection présidentielle de 2027, Gérard Larcher refuse de s'avancer sur son candidat préférentiel. Mais "il n'y a pas, aujourd'hui, de femmes ou d'hommes providentiels", convient le président du Sénat.