A la lecture de La France pour la vie, le livre de Nicolas Sarkozy, en librairies lundi prochain, l’incrédulité gagne parfois le lecteur, tant l’acte de contrition est grand, tant les reproches que l’ancien président se fait à lui-même sont nombreux. "Parfois, on a du mal à croire que c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui se les inflige", analyse Antonin André, chef du service politique d’Europe 1. "C’est de l’ordre de la confession. Les mots qui reviennent le plus sont ‘erreurs’, ‘échec’, ‘regret’", relève encore le journaliste.
"C’est Nicolas Sarkozy qui est le plus sévère avec lui-même". Ce qui frappe donc d’abord, c’est l’ampleur du mea culpa de la part d’un homme peu habitué à reconnaître ses erreurs. "Jamais un homme politique de ce niveau, ancien président de la République, ne s’était infligé à lui-même un tel droit d’inventaire", poursuit Antonin André. "Je ne m'attendais pas à ce qu'il aille aussi loin dans l'autocritique", abonde Aurélie Herbemont, journaliste politique à Europe 1. "Et quand on referme ce livre, on se rend compte que de tous ceux qui, à droite, ont fait l'inventaire du sarkozysme, c'est Nicolas Sarkozy lui-même qui est le plus sévère."
Il faut dire que l’ancien président de la République, battu en 2012 par François Hollande, et qui rêve de reconquérir l’Elysée, voulait, et surtout devait, créer l’événement. "Il fallait cela parce que Nicolas Sarkozy, président battu, tente un retour que personne avant lui n’a réussi", confirme Antonin André. "Donc il fallait surprendre. De ce point de vue, la promesse est tenue."
"Rien n’est oublié". Et Nicolas Sarkozy ne s’épargne rien. Sur son style, sa vie personnelle, il s’auto-brocarde sur la soirée du Fouquet’s, sur les cinq jours de croisière sur le yacht de Vincent Bolloré au début de son quinquennat, sur le "Casse-toi pov’ con" prononcé au salon de l’Agriculture, etc. Au sujet de cette dernière erreur, il admet même avoir "abaissé la fonction présidentielle". "Des mots très forts", s’étonne encore Antonin André.
L’ancien président se livre aussi à un réquisitoire sur le fond. La TVA sociale, mise en oeuvre trop tard, les 35 heures et l’ISF, qu’il aurait dû supprimer, les mauvais choix fiscaux du début du quinquennat ou encore la nomination du président de France Télévisions par le président sont autant d’occasions d’actes de repentir. "Même le RSA, mesure phare du quinquennat, est un échec", souligne Antonin André. "Au fil de ces 260 pages d’inventaire sévère, rien n’est oublié"
"Un risque d’aller aussi loin". Au final, ce mea culpa constitue un pari risqué pour Nicolas Sarkozy, selon le chef du service politique d’Europe 1. "Il y a peut-être un risque d’aller aussi loin dans l’autocritique, parce qu’en refermant le livre, on a le sentiment que la somme de toutes ses erreurs occulte ce qu’il a pu bien faire", observe Antonin André. " C’est un livre à double tranchant, qui peut le relancer, le renouveler ou l’éteindre politiquement."