Bien que couvert par son immunité présidentielle, Sarkozy devra se présenter à la barre comme témoin au procès des sondages de l'Élysée. Une décision rare saluée par l'association Anticor, constituée partie civile. De son côté, le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, questionne l'utilité de la médiatisation de cette décision de justice.
Une décision rare, un coup de théâtre. Le tribunal judiciaire a ordonné mardi l'audition de l'ancien président Nicolas Sarkozy comme témoin au procès des sondages de l'Elysée, un dossier dans lequel il n'est pas poursuivi car couvert par son immunité présidentielle. Cité au procès par l'association Anticor, partie civile, l'ex-chef d'État avait indiqué précédemment dans une lettre qu'il n'entendait pas venir témoigner. Le tribunal a cependant "ordonné que ce témoin soit amené devant lui par la force publique pour qu'il soit entendu le 2 novembre".
"Un ancien président de la République n'est pas au-dessus des lois"
Une décision saluée par Me Jérôme Karsenti, conseil d'Anticor qui estime que cette décision est "un moment important de justice". "Que Nicolas Sarkozy [alors président de la République, ndlr], principal décideur, ordonnateur, ne puisse pas venir comme témoin était inacceptable", juge-t-il au micro d'Europe 1. "Je crois que le message qui est envoyé par la justice aujourd'hui aux hommes politiques est très fort. Cela veut dire qu'un ancien président de la République n'est pas au-dessus des lois, qu'il ne peut pas refuser de venir témoigner. Dans le cas contraire, des gendarmes iront le chercher."
Et l'avocat d'y voir là un changement à plus grande échelle. "Petit à petit, la justice est en train de marquer très bien son territoire et de montrer aux élus qu'ils sont responsables de leurs actes et qu'ils ont intérêt à avoir une conduite exemplaire. Je crois que c'est important."
Une volonté d'humiliation ?
D'accord sur le fait que "Nicolas Sarkozy doit être traité comme n'importe quel citoyen", le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, regrette de son côté la médiatisation de cette décision de justice. L'ancien président "a droit aussi que la procédure qui le concerne ne fasse pas l'objet d'un déballage permanent". De plus, l'élu voit dans cette décision, qui mentionne l'usage de la force publique, "le sentiment quelque part qu'on voudrait l'humilier, la tracter, le capillotracter devant les tribunaux comme s'il y avait une résistance de sa part. Je crois qu'il s'est toujours plié aux convocations qui lui ont été adressées, donc je ne pense pas qu'il faille en faire plus de théâtre que nécessaire".