L’amphithéâtre Emile Boutmy renommé "Amphithéâtre Gaza" : ce mardi, des étudiants ont occupé un auditorium, en soutien aux Palestiniens. Sur Twitter, l’Union des Étudiants juifs de France assure qu’une de leurs membres a été prise à partie. "Ne la laissez pas entrer, c’est une sioniste", auraient dit des étudiants pro-palestiniens à son encontre.
"On essentialise et on totalitarise"
Invité ce mercredi matin au micro de Dimitri Pavlenko, Yossef Murciano, secrétaire national de l’UEJF, ne cache pas son inquiétude face à de tels propos. "Il faut bien comprendre que ce qui s'est passé quand on refuse l'entrée d'un amphithéâtre à une étudiante en disant 'c'est une sioniste', sans même connaître ses opinions politiques, sans même connaître ce qu'elle a fait hier soir où ce qu'elle a mangé au petit déj (…), c'est une essentialisation d'une juive, c'est de l'antisémitisme", s'insurge-t-il au micro d’Europe 1.
Yossef Murciano estime que Sciences Po est actuellement confrontée à de l'antisémitisme, mais aussi à du totalitarisme : "La non-volonté du débat, le fait de ne pas vouloir entendre de contradictions, font que ces personnes laissent à la porte cette étudiante. Donc, on essentialise et on totalitarise. Voilà ce qu'il s'est passé à Sciences Po hier", regrette-t-il.
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Des étudiants juifs ostracisés
Du côté du groupe d'étudiants pro-palestinien, on justifie le refus de laisser entrer cette étudiante "pour des raisons de sécurité". Selon ces derniers, elle aurait intimidé des étudiants pro-palestiniens récemment, avant d'assurer que d'autres étudiants de l'UEJF avaient pu assister aux débats. Mais pour le secrétaire national de l’UEJF, ces propos soulignent la complexité d'être un étudiant juif en France. "Il se trouve qu'en septembre, on a sorti un sondage juste avant le 7 octobre (jour de l'attaque terroriste du Hamas sur le territoire d'Israël ndlr). On sort un sondage qui dit qu'un étudiant juif sur trois a choisi son parcours universitaire en fonction de la peur de l'antisémitisme".
Au micro de Dimitri Pavlenko, Yossef Murciano estime que "quand on est tenu comptable de la réalité de la politique israélienne parce qu'on est juif, il y a une forme d'antisémitisme et il faut s'arrêter là". Avant de conclure : "Ce que j'aimerais, c'est qu'il y ait une mobilisation pro-palestinienne qui accepte d'entendre une parole dissonante, une autre parole et qui avance. (...) Je ne suis pas contre le fait que l'amphithéâtre Boutmy soit un haut lieu de la mobilisation pour le peuple palestinien. Je pense que c'est très bien. Le problème, c'est quand on interdit aux juifs de rentrer dans les amphithéâtres, quand on les assimile à Benyamin Netanyahou parce qu'ils sont juifs et qu'on les pointe du doigt, ou lorsque l'on se lève en amphi pour pas s'asseoir à côté d'un juif", conclut-il.